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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/676

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du chemin de fer, du téléphone, de l’automobile et bientôt de l’aviation ? »


LA HAUSSE DBS SALAIRES

La hausse générale des prix entraine celle des salaires. Jamais il ne s’est produit autant de grèves qu’au cours des mois qui ont suivi l’armistice : dans la mesure où elles étaient provoquées par la difficulté que les ouvriers éprouvaient à assurer leur existence et celle de leurs familles, elles étaient justi(iées. Mais dans la plupart des cas, le renchérissement des denrées et de tout ce qui est nécessaire à la vie a été aussi rapide que l’élévation des salaires. L’instabilité des prix passe à l’état chronique : le mal engendre le mal. Plus les marchandises montent, et plus grandissent les exigences des salariés, qui veulent continuer à opérer les mêmes achats qu’avant la hausse et qui demandent une augmentation proportionnelle de la rémunération de leur travail. Cette augmentation leur permet de payer les prix majorés. Les détenteurs des marchandises, voyant leur clientèle disposer de sommes de plus en plus considérables, exagèrent leurs demandes. Ils escomptent des hausses futures et fixent leurs prix de vente en raison, non pas seulement des conditions présentes, mais de ce qu’ils croient devoir être les conditions de demain. Ils conservent par devers eux des stocks de plus en plus considérables, parce qu’ils s’imaginent que la plus-value n’en aura pas de limites et que plus ils accumuleront de marchandises dans leurs magasins, plus ils réaliseront de bénéfices.

Cette vérité que les salaires excessifs ne sont pas le remède au mal se fait jour, même dans les milieux ouvriers. Les typographes l’ont publiquement reconnue. A la séance de la Chambre du 10 juillet 1919, M. Brousse déclarait que le projet de loi attribuant aux personnels civils de l’Etat de nouvelles avances exceptionnelles de traitement ne résolvait aucune des difficultés de l’heure présente. Lors de la discussion d’un précédent projet du même genre, M. Brousse avait prédit qu’une succession de crédits aggravant les charges des contribuables serait demandée. « On a ainsi provoqué, disait-il, une nouvelle augmentation du coût de l’existence. Il en résultera que les commerçants élèveront leurs prix. Ce sera une chaîne sans