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un contre trois. En fin de journée, c’est tout juste si les Allemands avaient pu, entre Fontaine-lès-Croisilles et Demicourt, conquérir les premières positions et une bien légère poche se trouvait creusée, de ce fait, au Nord de la ligne attaquée.

Mais, au Sud, l’armée Gough, après avoir vaillamment disputé les premières lignes, avait cédé sous la poussée. Le brouillard s’était fait complice de l’ennemi. Jusqu’à treize heures, il avait empêché de voir à 50 mètres devant soi. « Les mitrailleuses et pièces avancées disposées pour balayer cette zone de leurs feux, écrit le maréchal Haig, furent presque entièrement réduites à l’impuissance. Aussi les détachements qui tenaient les positions d’avant-postes furent submergés ou entourés et bien souvent avant d’avoir pu se rendre compte de l’attaque ennemie. » Ces détachements assaillis à l’improviste se défendirent avec une bravoure si magnifique que le chef n’hésite pas à déclarer que cette résistance, prolongée dans les conditions où elle se produisait, « peut être comptée parmi les actions les plus héroïques de l’histoire de l’armée britannique. »

Mais c’étaient des résistances isolées peu propres à arrêter, à plus forte raison à briser l’assaut. Dès midi, la prise de Roussoy (Sud-Ouest de Catelet) entamait déjà la deuxième position. L’ennemi poussait dans cette déchirure qui s’agrandissait, atteignait sur 3 lieues de front, 6 à 8 kilomètres de profondeur. Le Vergnier et Epehy furent âprement disputés, mais finalement perdus. Aidée là encore par l’assèchement des marais, l’infanterie allemande avait, cependant, franchi l’Oise et le canal au Nord de la Fère et au Sud de Saint-Quentin et pénétré dans la zone entre Essigny et Benay, en direction de Ham et par conséquent de la Somme. De toute part, la position de bataille était entamée ; elle croulait bientôt et le Ilot en submergeait les débris.

Reculant de la ligne Epehy (Ouest de Catelet) Holnon-Liez-Fargniers, les soldats de Gough ne se pouvaient fixer. Dès le 21, Gough avait décidé de replier sa droite (le 3e corps) derrière le canal Crozat, ce qui impliquait le retrait de la droite du 18e corps sur la ligne du canal de la Somme. Les ponts furent, sur les deux barrières d’eau, trop hâtivement détruits pour qu’elles en restassent longtemps infranchissables.