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constituée par une membrane flexible reliée par un tube léger à un cornet acoustique. La moindre vibration du sol en vertu de l’inertie du liquide sera transmise à l’oreille en comprimant l’air du tube acoustique, et sera nettement perçue. L’expérience montre qu’un dispositif de ce genre permet de percevoir les bruits et mouvements produits dans le sol à des distances considérables. En particulier, les coups de pioche des mineurs creusant une galerie font à l’oreille, et à des distances incroyables, l’impression de véritables chocs.

On a varié naturellement à l’infini la disposition et la matière des géophones. L’un des plus usités qui a été réalisé en France et qui est maintenant couramment employé par les bureaux des mines aux Etats-Unis, est constitué par une boîte ronde étanche à l’air dans laquelle est suspendue une masse de plomb. La boîte est fermée par deux membranes de mica. Un trou relie l’appareil par le moyen d’un tube acoustique à un stéthoscope. Si l’appareil est placé sur le sol et qu’il se produise un déplacement, une vibration dans le voisinage, celui-ci est transmis à la boîte du géophone. La masse de plomb reste relativement immobile entre les deux disques de mica. Il y a donc un déplacement relatif de la boîte et de la masse de plomb incluse ; l’air contenu dans la boîte subit donc des compressions et raréfactions qui sont transmises à l’oreille par l’intermédiaire du tube de caoutchouc et du stéthoscope.

Une des particularités de l’appareil est la facilité avec laquelle l’opérateur peut reconnaître, lorsque ses deux oreilles sont reliées à deux géophones, quel est le son qui lui parvient le premier. Lorsque les deux géophones ne transmettent qu’un même bruit, on a en général l’impression que l’intensité de la sensation est très différente aux deux oreilles. En déplaçant les deux géophones l’un par rapport à l’autre, il arrive un moment où l’impression produite sur les deux oreilles paraît égale. La direction d’où vient le son est alors, — l’expérience l’a prouvé, — exactement perpendiculaire à la direction joignant les deux géophones. On peut donc par ce procédé déceler non seulement l’existence d’un ébranlement souterrain mais aussi la direction d’où il provient. Si donc deux opérateurs sont placés à une certaine distance l’un de l’autre avec chacun deux géophones, le recoupement des deux directions fournies permettra de localiser exactement dans le sol l’origine de l’ébranlement. C’est ainsi qu’on est arrivé à faire la carte rigoureusement exacte et, point par point, des travaux de mines ennemies. N’est-ce pas merveilleux ?

On conçoit quel appoint un pareil instrument peut apporter aux