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semaine. Enfin nous avons, derrière nous, un réservoir d’hommes : l’Amérique maintenant déverse chaque mois 250 000 hommes sur le sol de France, tandis que des renseignements sûrs permettent de mesurer la gravité de la crise qui atteint les effectifs ennemis. A ce renversement, en notre faveur, du facteur « force matérielle », s’ajoute l’ascendant moral acquis par cette résistance de quatre mois à d’effroyables assauts et que notre victoire des 15-18 juillet vient de décupler.

Les armées alliées arrivent donc « au tournant de la route. » Le moment est venu « de quitter l’attitude générale défensive imposée jusqu’ici par l’infériorité numérique et de passer à l’offensive. »

Cette offensive, elle n’apparaît encore que comme une série d’actions à entreprendre sur les points à reconquérir en vue d’assurer tout à la fois la vie économique du pays quelque peu étouffée (facteur important de la victoire) et à préparer le développement ultérieur des opérations.

Le général en chef prévoit cinq opérations à exécuter promptement.

La première va s’achever. Elle vise au dégagement de la voie ferrée Paris-Avricourt dans la région de la Marne. « C’est, ajoute le Mémoire, le résultat minimum à obtenir de l’offensive actuelle. » Avant huit jours, ce résultat sera obtenu, nous le savons déjà, par la seconde offensive Mangin des 1er et 2 août et le repli allemand sur la Vesle et l’Aisne.

La deuxième dégagera une autre voie d’importance : la voie ferrée Paris-Amiens. Et ce n’est point, nous le savons, une idée nouvelle puisque, depuis le 26 mars, Foch en poursuit obstinément la réalisation : action conjuguée entre une armée française et une armée britannique, qui peut aboutir à anéantir les résultats de l’offensive allemande du 21 mars.

La troisième, à notre droite, dégagera la voie ferrée Paris-Avricourt dans la région de Commercy par la réduction du saillant de Saint-Mihiel. Elle sera dévolue à l’armée américaine dès que celle-ci aura (et le Grand Chef veut que ce soit au plus vite) les moyens nécessaires. Opération grosse de conséquences puisque, libérant la voie de Châlons à Toul, elle nous mettra par ailleurs à portée de la région de Briey et en mesure d’agir en grand entre Meuse et Moselle, « ce qui peut devenir un jour nécessaire. » Voilà pour l’aile droite. Et voici pour l’aile gauche.