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enfin, le 3, franchi l’Ailette entre Champs et Leuilly et, en pénétrant ainsi en coin au Nord-Est des plateaux entre Aisne et Ailette, ébranlé déjà les positions allemandes du Chemin-des-Dames.

Le résultat de ces vigoureuses actions ne se faisait pas attendre ; c’était un double repli allemand d’importance ; au Nord de l’Oise et au Nord de la Vesle.

Talonnés par les 1re et 3e armées françaises, les Allemands reculaient, dès le 4, à l’Est de Buverchy, de Guiscard, de Beaugies, d’Appilly. Puis, le 5, le mouvement de repli, s’enchaînant d’ailleurs à celui qui commençait au Nord devant le front britannique, s’étendait, s’élargissait, tendait à ramener de toutes parts les armées allemandes à la position Hindenburg. Le 7 septembre, le front de nos armées était reporté à la ligne générale Celles-sur-Aisne-Nanteuil-la-Fosse-Vauxaillon-Bassoles-Aulers-Barisis-Tergnier-Saint -Simon-Villevèque-Roisel. La résistance s’accentuant devant nous, la 1re armée n’en occupait pas moins, le 8, le front Vaux-Fluquières-Artemps ; la 3e après s’être emparée de Fargniers et de Quessy et de toute la Basse Forêt de Coucy, tenait tout le canal Crozat, que, par surprise, elle traversait, le 9, dans la région de Liez, tandis que la 1re armée qui, les 3 et 6, avait franchi la Somme sur tout son front et enlevé Ham par débordement, passait, elle aussi, le canal Crozat au Nord de Saint-Simon.

Le repli de la Vesle sur l’Aisne ne s’imposait pas moins impérieusement aux Allemands. Le général Mangin continuait à les menacer sur leur flanc droit, s’emparant, le 5, de toute la région de Coucy et pénétrant de plus en plus profondément dans les plateaux, puisqu’il enlevait Sorny, emportait Neuville-sous-Margival, rejoignait l’Aisne à Missy. Le commandant de la 10e armée poussait de toutes les forces de son énergie le coin dans les reins de l’ennemi. « L’ennemi est en retraite... La poursuite sera continuée sans trêve en bousculant les arrière-gardes. » Le 6 septembre, on atteignait, au Nord de l’Ailette, nos anciennes tranchées de 1917 ; au Sud de la rivière, on menaçait le fort de Condé, on occupait Laffaux.

L’ennemi n’avait pas attendu que Mangin, pénétrant jusqu’à l’entrée du Chemin-des-Dames, menaçât ses derrières. Il s’était précipitamment replié devant la 3e armée (Berthelot) qui, nous le savons, bordant la Vesle depuis un mois, avait franchi derrière