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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La Chambre des Députés a poursuivi, durant toute la quinzaine qui vient de s’écouler, la discussion sur le traité de paix avec l’Allemagne. Au cours des premières semaines du débat, elle a entendu d’excellents discours, quoique peu d’orateurs aient considéré le Traité dans son ensemble et se soient placés au point de vue le plus général : cette paix, par laquelle on s’était proposé de refaire le monde, quelle Europe nous fait-elle ou nous laisse-t-elle ? Et d’abord, quelle France ? Mais, ensuite, quel Occident et quel Orient ? Au milieu de cette Europe, quelle Allemagne ? Au fond, là-bas, quelle Russie ? Dans le Sud-Est, que seront les Balkans de demain ; et, jusqu’où, vers le Centre, les Balkans s’étendront-ils ? L’Europe nouvelle, constituée par les tout jeunes États formés des débris des Empires, est-elle née et peut-elle vivre ? En d’autres termes, avons-nous la paix, une paix complète, solide, durable ? Pour réparer les ruines de la guerre, il va falloir beaucoup et longtemps travailler. Pouvons-nous, dès maintenant, nous mettre au travail, en toute sûreté, dans une bonne maison, derrière de bonnes murailles, à l’abri d’une bonne frontière, soutenus par de bonnes amitiés, ayant devant nous, si nous voulons sortir, de larges routes et de longues perspectives ?

Un par un, pourtant, les divers éléments du problème ont été examinés, et il est bien permis de penser que la discussion aurait pu être abrégée, mais non qu’elle a été inutile. D’un consentement unanime, en passant au crible, parfois un peu minutieusement, les conditions du Traité, on s’est attaché à chercher moins ce qui y manquait que ce qu’on pourrait y ajouter, moins ce qu’il y a à y reprendre que ce qu’on en pourrait tirer. Tout le monde, sur les bancs de la Chambre, a, en somme, exprimé l’inquiétude, non point que les conditions imposées à l’Allemagne n’aient pas été assez rigoureuses, mais que les garanties stipulées pour leur exécution ne soient peut-être pas