Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/803

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Fère, nous nous heurtions naturellement, en avant de l’Alberick Stellung, à la plus âpre résistance. Ayant néanmoins progressé dans les journées des 10, 11 et 12 septembre, mais arrêtée les 13 et 14, l’armée Debeney stoppait, les 15, 16 et 17 ; ayant pris par surcroit le champ de bataille de la 3e armée, momentanément retirée du front, elle repartait à l’assaut le 18 en liaison avec la 4e armée britannique et prenait pied dans la forte position de l’Épine de Dallon, au sud-ouest de Saint-Quentin ; le 19, elle enlevait Castres et Essigny-le-Grand ; le 22, elle arrivait, sur sa droite, aux lisières de Vendeuil et bordant l’Oise de Vendeuil à Travecy, donnait la main à la 10e armée française opérant, on le sait, à son Sud-Est.

Celle-ci avait, dès le 14, abordé la forte position du Moulin de Laffaux, entamant ainsi, de ce côté, la ligne Hindenburg et enlevant 2 400 prisonniers ; ayant brisé les contre-attaques de l’ennemi, elle était repartie, et, prenant à revers les plateaux entre l’Aisne et l’Ailette, avait emporté, avec un millier de prisonniers, le plateau à l’Est de Vauxaillon qu’elle trouvait semé de cadavres. Dès le 15, Fayolle avait prescrit à Mangin de pousser vivement ces avantages et d’atteindre le front Vailly-La Malmaison-Chavignon, ce qui forcerait l’ennemi à abandonner la ligne de l’Aisne et le Chemin des Dames. Par ailleurs, en s’emparant de la forêt de Mortier (au Sud du Massif de Saint-Gobain), Mangin montrait sa volonté persistante d’ébranler cette pierre d’angle de la position Albérick qui, menacée directement au Nord, était déjà, au Sud, légèrement entamée.

On était à pied d’œuvre. Et tous les chefs étaient d’accord pour que l’assaut fût donné avant la fin du mois. Haig avait soumis à Foch l’ordre énergique qu’il communiquait aux généraux Horne, Byng et Rawlinson. L’attaque se ferait sur le front Cambrai-Saint-Quentin sur toute la ligne, Horne couvrant Byng qui, opérant en direction de la ligne générale Le Cateau-Solesmes, s’efforcerait de s’emparer des passages de l’Escaut ; Rawlinson, cependant, couvert sur son flanc droit par l’armée Debeney, effectuerait l’attaque principale contre les défenses ennemies entre le Tronquoy et le Catelet en direction de la ligne générale Busigny-Bohain. Foch, faisant connaître ces projets à Pétain, lui prescrivait de renforcer, d’une part, l’armée Debeney, dont la gauche, soutenant la droite de Rawlinson, jouerait sa partie dans l’assaut devant Saint-Quentin, et,