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voie ferrée Roulers-Menin, par les troupes britanniques qui franchissaient, d’autre part, la Lys, entre Werwicq et Comines. Le soir de ce jour, une instruction partait de la Panne, prescrivant de rompre la résistance de l’ennemi sur la ligne Nord de Dixmude-Canal-Handzaene-hauteurs de Hooglede-Roulers-Courtrai. Cette nouvelle attaque se heurta partout à un ennemi décidé à la briser. Gheluve était emporté par les soldats de Plumer, mais Ledeghem même fut en partie repris par les Allemands.

Il fallait organiser sur de nouveaux frais un nouvel assaut. En attendant que l’artillerie fût menée à pied-d’œuvre, qui permit cette reprise d’offensive, on continuerait à exercer une pression constante sur l’ennemi-en direction de Menin et de Courtrai. On espérait bien que, déclenchée avant une semaine, cette nouvelle attaque romprait à son centre la résistance ennemie entre Zarren et Roulers, sur le plateau d’Hooglede, et tandis que, les 2 et 4 octobre, on se livrait, pour améliorer la ligne conquise, à des attaques locales, le général Degoutte remettait à l’étude le nouveau plan d’offensive qui devait, sous peu, obtenir le succès que je dirai.

L’opération n’avait pas été sans donner d’ailleurs de fort beaux résultats. Dixmude et Ypres étaient, de ce fait, complètement dégagées, et les Allemands, menacés dans la région d’Armentières, s’étaient, au Sud, décidés à un repli qui, s’accentuant et s’étendant, livrait aux troupes des 2e et 5e armées britanniques, après la région de Lens, toute la ligne de Lens à Armentières. Près de 11 000 prisonniers, dont 200 officiers, plus de 350 canons restaient entre les mains du groupe d’armées des Flandres. Et là encore, l’effet moral dépassait en importance le résultat proprement stratégique. On avait vu entrer dans la lice de nouvelles forces alliées que l’Allemand tenait pour « méprisables » et même inutilisables : cette armée belge dont certains succès, obtenus en pleine bataille défensive d’avril 1918, eussent pu cependant donner l’éveil à l’ennemi. En réalité, les divisions du roi Albert avaient, depuis 1915, dans nos camps d’instruction, fourni un prodigieux effort d’entraînement et c’étaient troupes solides que, là comme ailleurs, l’Allemand avait vu avec stupeur se jeter sur lui. Que devant l’élan impétueux de cette armée, représentée par la presse allemande comme « ankylosée » par une longue inaction,