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une compagnie, un régiment ? — Cambacérès, archichancelier, investi de l’apparence de l’autorité pour l’expédition des affaires courantes, mais n’ayant le droit ni de prendre une initiative, ni de signer un décret, craintif, timoré, sensé certainement, et assez dévoué au régime qui l’a comblé, mais point de façon qu’il y risque sa vie ou sa fortune. Les deux hommes dont dépendait jadis la tranquillité de Paris et de l’Empire, Fouché et Dubois, ont été disgraciés : celui-ci on ne sait pourquoi ; celui-là, on le sait trop. Fouché a été remplacé par un gendarme d’élite, Savary, duc de Rovigo, fidèle pour le moment, plein de ménagements pour les nobles conspirateurs, parents ou alliés de sa femme née Faudoas. Pour les autres, cassant et brutal. Il lui manque le doigté. Quant à M. Pasquier, le nouveau préfet de police, c’est bien plus grave. Il fait aux dépens de l’Empire, son apprentissage. Napoléon n’a point manqué d’être séduit par l’idée de rattacher à son système un des noms connus du Parlement. Il a Daguesseau, Molé, Séguier ; Pasquier fait bien. Mais si Dubois, malgré son comté, n’avait point les formes, la politesse et la grâce de M. le baron Pasquier, il savait son monde, voyait gros, peut-être, mais net, et sa surveillance n’eût pas été mise en défaut par des relations mondaines.

De ce côté, donc, avantages incontestables. En 1808, Malet avait renoncé au mouvement à cause de la présence de plusieurs milliers d’hommes de la Garde Impériale. Il n’y avait plus à présent de dépôts à Paris ; les dépôts étaient à Rueil, et à Courbevoie. A Paris, il y avait les deux bataillons et l’escadron de la Garde de Paris, seule troupe ayant une valeur, mais très éprouvée dans la campagne de Pologne, et surtout en Espagne, où elle avait été employée fort contre son gré. Cette troupe qui avait compris deux régiments, était réduite à un seul, commandé par le colonel Rabbe dévoué à l’Empereur, un des juges du duc d’Enghien, récompensé alors par une forte gratification, mais fatigué et portant mal ses cinquante-cinq ans. Les Vétérans (2 bataillons) avaient montré en la personne de Bournot, chef de bataillon, quel était l’esprit de certains officiers. Les quatre cohortes de Garde Nationale (n° 1, 8, 9 et 10) n’avaient aucun esprit militaire ; elles étaient commandées par des chefs de bataillon de l’armée, formées d’hommes exemptés, réformés ou rachetés de la conscription, appelés à