et lui fournirent ainsi des moyens de payer les marchandises achetées. Rappelons à ce propos que, pendant la guerre, la majeure partie du commerce extérieur était passée des mains des particuliers en celles du gouvernement. C’est lui qui achetait les armes, les munitions, les vivres et qui avait, sur ce domaine, presque entièrement substitué son action à celle des individus ou des sociétés privées.
En dehors de ces opérations exécutées grâce aux valeurs mobilières qui se transformaient en monnaies étrangères, la France s’est fait ouvrir, sur les principaux marchés où elle avait des paiements à effectuer, des crédits à plus ou moins longue échéance. L’ouverture de ces crédits nous dispensait de faire aucune remise dans le présent et évitait la hausse du change, qui n’eût pas manqué de se produire au moment où la demande se serait produite. Mais il est non moins évident qu’au jour où le crédit échoit, il faut trouver les sommes correspondantes, et le change s’élève en conséquence.
En temps normal, les règlements des soldes débiteurs ou créanciers entre nations se font par les intéressés eux-mêmes, c’est-à-dire par les commerçants ou les financiers qui ont acheté ou vendu les marchandises et les titres échangés. Le solde des opérations n’est pas connu a priori : ce n’est qu’au bout d’une certaine période que la position réciproque des contractants apparaît. Le cours du change, qui est la résultante de leurs tractations, est à cet égard un véritable baromètre. En temps de guerre, la presque totalité des opérations se fait par les gouvernements ou sous leur contrôle direct. Un décret du 22 mars 1917 avait prohibé l’importation en France par les particuliers de toute marchandise d’origine ou de provenance étrangère. Dès lors, les ministres, connaissant à l’avance leurs besoins, cherchaient à prendre des mesures susceptibles de leur fournir les moyens d’y parer. C’est sous l’empire de préoccupations de ce genre que les belligérants ont contracté de très nombreuses opérations d’avances, soit entre eux, soit avec les neutres. La plupart de ces emprunts avaient pour objet, moins de fournir des ressources aux Trésors qui y recouraient que de leur procurer du change, et de leur éviter ainsi la nécessité de transférer immédiatement, à des cours désavantageux, du capital indigène vers les pays exportateurs.
Dans une étude très complète qu’a publiée à Zurich M. Charles