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des épreuves qui leur étaient propres, une méthode et même une éducation d’esprit qui faussaient le libre jeu de l’autre méthode et l’autre éducation. Brevet et diplôme n’en vivaient pas moins côte à côte. Dans certains établissements particulièrement prospères, le diplôme arrivait à éliminer le brevet. Nulle part il n’était lui-même éliminé. L’enseignement secondaire des jeunes filles subissait une gêne ; il n’avait pas de ces maladies qui défigurent ou qui tuent.

Survint, en 1902, la réforme du baccalauréat de l’enseignement secondaire. Or remarquons que les grades de l’enseignement secondaire (des garçons) sont appelés grades de l’enseignement secondaire tout court, parce qu’ils ont été institués à une date où on ne connaissait pas d’autre espèce d’enseignement secondaire. Légalement, ils ne font pas acception de sexe, pas plus que les grades de l’enseignement supérieur. La réciproque n’est pas vraie parce que, lorsque l’enseignement secondaire féminin fut créé, on eut soin de spécifier. En vertu de cette interprétation légale poussée jusqu’au paradoxe, on a vu une jeune fille entrer rue d’Ulm, et d’ailleurs ne pas se montrer indigne de la place qu’elle occupait. On n’a jamais vu de jeune homme se présenter à Sèvres. A défaut d’autres raisons, cela ne lui eût pas été légalement possible. Ainsi la femme a des grades à elle, et elle peut en outre obtenir les grades masculins. Cette bizarrerie n’existe pas dans l’enseignement primaire où les brevets, dès l’origine, ont eu un sexe. Elle a engendré la confusion dans laquelle l’enseignement secondaire des jeunes filles se débat à l’heure présente. Et on croirait manquer de libéralisme, reproche que, chez nous, personne n’ose encourir, en enfermant les femmes, jusqu’à leur entrée dans les Facultés du moins, dans l’éducation et les grades qui ont été faits pour elles.

Donc, en 1902, un nouveau régime de baccalauréat fut inauguré : quatre sections pour la première partie : A, B, C, D, ou latin-grec, latin-langues, latin-sciences et sciences-langues ; deux sections pour la seconde partie : philosophie et mathématiques. Quand on a la première partie, on peut, en un an de travail, conquérir la seconde. Mais la première partie ne semblait accessible jusqu’ici qu’après une longue scolarité et des études appropriées. En fait, il y avait des femmes bachelières, mais en petit nombre et, en général, de qualité excellente. On