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On comprend aisément qu’il soit ainsi possible d’épuiser beaucoup plus complètement la nappe de pétrole que lorsqu’on se borne à l’atteindre de loin par ces trous d’aiguille appelés des sondages et par les pompes placées sur chacun d’eux. La méthode, il est vrai, n’est pas sans danger, car elle place les ouvriers en plein milieu de gaz combustibles et explosifs à forte densité, accumulés sur le sol des galeries. Mais, en temps de guerre, on ne regarde pas plus au péril qu’à la dépense, et l’on a pu ainsi doubler la production, avec un prix de vente dépassant 3 ou 400 francs (au lieu de 45 à 50 en temps normal).

Nous pouvons, d’ailleurs, présumer qu’il aura été fait ainsi une forte saignée dans le gisement, comme cela s’est produit pendant la guerre pour un grand nombre de champs pétrolifères mondiaux, notamment aux États-Unis. Le pétrole constitue une réserve épuisable tout aussi bien que la houille et, contrairement à certaines théories anciennes démenties par les faits, ce qu’on en a retiré ne se renouvelle pas. Or, en Alsace, d’après les résultats négatifs de sondages poussés jusqu’à 1 200 mètres, il est possible, sinon démontré, que les couches exploitées en ce moment soient les plus profondes, et les dernières à vider, de la formation pétrolifère.

Je me suis déjà trouvé rappeler précédemment, à propos de la potasse, par quel épisode de l’histoire géologique ce pétrole semble, suivant la thèse généralement admise, s’être constitué, presque au même moment où, à l’autre extrémité de l’Alsace, se déposait la potasse. Je n’y reviens pas et je me borne à compléter ce bref aperçu par quelques notions industrielles.

Nous avons vu tout à l’heure quelle était l’extension géographique de la zone pétrolifère. Mais, par une loi fâcheuse que l’on constate à peu près dans tous les champs de pétrole, la partie utilisable du bassin n’occupe qu’un espace très localisé dans cette zone, où l’huile minérale se présente partout ailleurs disséminée en proportions trop faibles. Les seuls points fructueux s’alignent à l’Est d’une faille qui limite vers l’Ouest cette espèce de fosse pétrolifère. On y trouve, du Nord au Sud : d’abord, le bassin principal de Pechelbronn et Soultz-sous-Forest occupant 10 à 12 hectares ; puis ceux de Gunstett, Biblisheim et Oberstritten (au Nord de Haguenau) ; enfin, à l’Ouest de cette ville, Uhlweiler.

Il y a, dans ce bassin, un certain nombre d’affaires allemandes,