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feu de son artillerie les passerelles hâtivement jetées. Les Français de Boissoudy se jetèrent à l’assaut plus au Sud, le 7e corps à gauche en direction d’Audenarde, le 30e entre Cruyshauten et Deynze, le 34e dans l’axe de la voie ferrée Deynze-Gand ; les deux premiers, comprenant chacun une division américaine et pourvus d’un bataillon de chars d’assaut, vinrent buter contre une ligne renforcée, hérissée de mitrailleuses. Le choc fut terrible, mais la ligne finalement brisée Dès 13 heures, le premier objectif, constitué par les contreforts des plateaux d’entre Lys et Escaut, était atteint. L’artillerie canonnait incontinent le deuxième objectif et, à 15 heures, on se relançait à l’assaut. Les hauteurs étaient, en trois heures, emportées, sans que la crête, à la vérité, put être dépassée. Mais comme cramponnés aux hauteurs conquises, les Français attendaient la contre-attaque, elle ne se produisit pas. L’ennemi était épuisé plus que l’assaillant et s’apprêtait, désespéré, à une nouvelle retraite.

Sur le front de la 2e armée britannique, les vagues d’assaut s’étaient déchaînées à 5 h. 35. Le barrage roulant qui les précédait était si formidable, qu’au témoignage des habitants réfugiés dans les caves, des unités allemandes se débandèrent sans attendre l’infanterie. Celle-ci passa sur le corps des autres et, à 8 h. 30, l’objectif était atteint d’Anseghem aux abords ouest de Wernaerde. Le 2e corps, à gauche, pivotant alors autour de sa gauche maintenue vers Anseghem, poussa en direction Nord-Ouest parallèlement à l’Escaut, tandis que le 19e se conformait à ce savant mouvement et, à 16 heures, le front passait à l’Est de la route de Caster à Karkove et longeait l’Escaut jusqu’en amont de Berchem.

Dès l’aube du 1er novembre, l’attaque reprit. Les Français, achevant la conquête des plateaux, se portaient au delà de Deynze, atteignaient Wykhuis, dépassaient Beest, abordaient Worteghem. Les Britanniques occupaient Boschkraant, puis Gyselbrechteghem et continuaient à pousser vers le Nord-Est. Sur ces entrefaites, l’aviation signalait que, derrière une ligne de résistance confiée à de fortes arrière-gardes, le terrain semblait évacué devant les Français ; déjà les villages belges arboraient le drapeau national et adressaient aux aviateurs des signaux d’appel. Ordre fut donné à tout le groupe d’armées de se jeter aux trousses. Et sans résistance notable la progression