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Autour des armées allemandes, le cercle se resserrait, tout en s’étendant, le 8, au Nord par la remise en marche des armées des, Flandres. C’était maintenant entre la Meuse ardennaise et l’Escaut flamand, que l’impitoyable faux continuait à s’avancer. A peine est-on tenté de distinguer entre les armées ; elles marchent du même pas, toutes soudées l’une à l’autre, ne formant plus, Américains, Français, Anglais, Belges, que cet immense instrument de libération ; la Justice, eussent dit nos pères de 1793, est en marche, appuyée sur la Force, et la Marseillaise chantait dans les cœurs.

Les Américains atteignaient, le 7, la ligne Raucourt-Mouzon qui semblait, écrit Pershing, « l’extrême limite de leurs espérances, » et portaient maintenant à leur droite tout leur effort : la Meuse franchie, ils envahissaient la Woëvre, esquissant déjà le mouvement enveloppant de Metz, que Mangin, de son côté, préparait.

La 4e armée avançait non sans éprouver ça et là de passagères résistances. Le 9e corps arrivait à la lisière Sud du bois de la Marfée dès le 7, écrasait sur la rive de la Bar une forte résistance à Saint-Aignan. Les 14e et 11e corps en écrasaient d’autres dans, la région de Villers aux Tilleuls, Singly, Faissault, Hagnicourt, Mazerny. L’armée Gouraud atteignait, à la fin de cette journée du 7, le Bois de la Marfée, la côte au Nord de Chevenges, les Cunières (à deux kilomètres Nord de Vendresse), le Nord de la forêt de Mazarin, Terron-les-Poix, la voie ferrée au Sud de la Vence entre Montigny et Launois. Et le 8, « recueillant, écrit le Journal de l’armée, la récompense de tous les efforts faits depuis le 26 septembre, de tous les combats livrés et de toutes les marches effectuées, l’armée arrive sur la Meuse et occupe les hauteurs qui dominent la rivière au Sud depuis l’Est de Sedan jusqu’à Mézières. » De fait, le 9e corps, retardé un instant dans sa marche par des groupes de mitrailleuses sur les hauteurs de Mondigny et Saint-Marceau, les balayait et passait outre vers Mézières, chassant devant lui les arrière-gardes ennemies en mauvais arroi. Atteignant, ce 8 au soir, la ligne Wadelincourt (où elle se liait avec les Américains en pointe vers Sedan)-pont Torcy-Forges-Château-Belle-Vue-Hannogue-Elaire-Mondigny, elle bordait la Meuse. Elle avait devant elle : Bazeilles, Balan, la presqu’île d’Iges, — le Calvaire où, un demi-siècle auparavant, la France