Assurément, après l’échec du conspirateur et son arrestation, quelques-uns des serviteurs du régime s’étaient souvenus qu’il était héréditaire, — mais sur le moment on peut bien dire qu’aucun n’y avait songé. N’y avait-il pas lieu de faire entrer cette idée dans les esprits, de la fixer dans les mémoires, par des pompes extraordinaires, des cérémonies solennelles, un appareil religieux, politique et militaire tel, qu’il ne put être oublié ? N’y avait-il pas lieu de consacrer la succession dynastique à la fois par un mouvement d’opinion et par une intervention pontificale ? A coup sûr, il est mal placé pour provoquer l’une et l’autre, mais l’étrange prestige qu’a pris à ses yeux l’impératrice autrichienne et qu’il ne doute pas qu’elle n’exerce sur la nation, doit apporter à cette entreprise un appui merveilleux. Aussi, dès le 22 décembre, il ordonne à Regnaud de Saint-Jean-d’Angely, de faire « rechercher tous les ouvrages, édits, imprimés, manuscrits ou chroniques, traitant des formes suivies depuis Charlemagne, lorsqu’il a été question du couronnement de l’héritier présomptif ; » pareilles recherches sur la régence des reines, et la façon dont elle a été exercée. » On assemble ces recherches en deux brochures qui sont d’abord imprimées à quelques exemplaires, à l’Imprimerie impériale, ensuite découpées en tranches, et publiées simultanément, dès le début de janvier, dans le Moniteur et dans le Journal de l’Empire. Le 19 janvier, un mois, jour pour jour, après son retour, sous prétexte de chasse à Grosbois, il pointe sur Fontainebleau où le Pape a été amené de Savone le 20 juin 1812. Dès le 29 décembre, il lui a écrit pour entrer en matière. Depuis lors, une sorte de négociation a été engagée, où pas plus par Mme de Brignole, que par les évêques Duvoisin, Barral, Bourlier et Primat, il n’a été un instant question de l’objet qui, pour l’Empereur, est le principal et, dirait-on, l’unique. Le Pape résiste, il ne veut rien décider sans son conseil ; Napoléon croit que, en donnant lui-même, il emportera la position et, une fois les affaires de l’Église décidées, même avec de larges concessions, l’essentiel suivra. Sans doute n’a-t-il pas dû manquer d’être frappé de l’importance donnée par Malet, dans son Sénatus-consulte, à la question du Pape, et a-t-il dû y voir un symptôme. Sans doute a-t-il dû penser, en un temps où il va demander à la Nation de considérables sacrifices, que le clergé, presque universellement adverse aujourd’hui, reviendra à des