instant que les difficultés commencent. La guerre a eu cette conséquence que presque tous les problèmes se trouvent posés à la fois. Beaucoup ne sont pas nouveaux, mais presque rien n’a été fait dans le passé pour les éclaircir. La politique radicale qui a dominé durant les quinze années qui ont précédé la guerre a été, surtout jusqu’en 1910, singulièrement stérile. Ce n’est pas au moment où nous parlons d’union qu’il convient d’en refaire le procès. On peut bien dire au moins qu’elle a vécu de passions plus que d’idées et qu’elle a consisté à ajourner au bénéfice des querelles intérieures les problèmes réels. Aujourd’hui elle est manifestement anachronique et personne ne croit plus possible de substituer l’anticléricalisme à l’étude des questions touchant la natalité ou à l’examen des budgets. Nous sortons de l’ère exclusivement politique pour entrer dans l’ère économique. Mais presque tout est à créer. Nous avons besoin à la fois d’un grand renouvellement et d’un grand effort d’invention. Il y avait un intérêt de premier ordre à ce que, avant même les élections, quelques idées précises fussent exprimées. Ce que la France attend ni, c’était non un catalogue de reformes, mais le programme sommaire de son travail. Elle voulait savon par exemple comment se constituerait l’armée de demain et comment se concilieraient les exigences de la défense nationale avec la nécessité de laisser le plus grand nombre possible d’hommes aux champs et aux usines. Elle voulait savoir si l’État, après avoir’démesurément étendu ses attributions au cours de la guerre, remlrait à l’initiative privée et à la liberté commerciale la possibilité d’obtenir ce que seules elles peuvent donner dans l’intérêt de la production et de rabaissement du prix de la vie. Elle voulait savoir enfin ce que seront les finances publiques, si l’État se décidera à demander des impôts nouveaux et selon quels principes il les établira. Qui se lèverait pour la renseigner ? M. Clemenceau a jugé que, comme chef du gouvernement, il devait prendre ce rôle, et que, parvenu au terme de sa carrière politique, il lui appartenait de livrer à l’opinion les leçons de son expérience.
C’est à Strasbourg que M. Clemenceau a prononcé le 4 novembre un grand discours destiné à préparer les élections. En choisissant l’illustre cité alsacienne, le Président du Conseil obéissait à une noble inspiration, sa voix partait des provinces retrouvées pour retentir dans la france redevenue entière ; elle a été éloquente et émouvante, elle a été partout écoutée avec attention. Le public attendait que le chef du gouvernement définît en formuler précises et pratiques l’esprit dont les candidats et les électeurs doivent être