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dont Wolff couvre les démarches des puissances centrales. — De quoi s’agit-il ? L’Allemagne acculée veut arrêter la marche victorieuse de nos armées et essaie de prévenir les gouvernements alliés. Il faut bien prendre garde de se laisser jouer ; si c’est une manœuvre de l’ennemi pour gagner du temps, la déjouer, et si c’est une capitulation qui se prépare, faire nettement éclater le caractère de cette démarche de vaincu. Déjà Foch indique à quelles conditions, — ce sont celles qui, un mois après, prévaudront, — la demande d’armistice doit être, à son sens, agréée. Et, en attendant, il crie à tous : « Pressons, poussons, bousculons, exploitons : En avant ! »

L’assaut concentrique est repris.


LA REPRISE DE LA BATAILLE ENTRE MEUSE ET SUIPPE
3-13 OCTOBRE

Les armées de droite étaient reparties les premières. Elles sont maintenant quatre agissant en liaison, les 2e et 3e armées américaines des deux côtés de la Meuse, la 4e armée française opérant de concert avec la 5e à l’Ouest de la Suippe, toutes deux, comme devant, sous les ordres supérieurs du général Maistre. Car c’est, de Soissons à l’Argonne, ce savant soldat qui mène, depuis des semaines, la bataille.

Le 3, la 4e armée s’est relancée ; à dire vrai, les opérations n’ont jamais complètement cessé ; Gouraud a, depuis plusieurs jours, par des conquêtes locales, assis sa nouvelle base de départ ; le 2, il a pris Sainte-Marie-à-Py, refoulé l’ennemi sur le plateau de la Croix-Gille, enlevé Challerange. Le 3, il attaque sur le front Marvaux-Sainte-Marie-à-Py, soutenu par des chars d’assaut : les 11e et 21e corps font enfin, dans une savante manœuvre, tomber le plateau de Notre-Dame-des-Champs qui, à la gauche, on se le rappelle, arrêtait la marche de l’armée, tandis que les divisions américaines, prêtées à la 4e armée, se couvrent de gloire, les 3 et 4, en emportant avec une rare vigueur les hauteurs d’Orfeuil. Le 21e corps progresse rapidement vers l’Arnes et cette marche coïncidant avec la reprise, par la droite de Berthelot, du massif de Saint-Thierry, met à ce point en l’air la région des Monts que le repli a immédiatement commencé devant la gauche de Gouraud (14e et 11e corps). Le soir du 4, la ligne était portée, au Mont-sans-Nom (3 km. de Moronvillers), aux