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Quitte Dresde le 11, et viens à Francfort pour le 20 janvier, j’y serai, moi, le 1er février. Là nous comploterons où aller.

Rien ne m’est plus facile (que) d’aller à Francfort, car la malle-poste de France et de Prusse est organisée pour atteindre ce point avec une vitesse excessive, tandis qu’il faut savoir l’allemand pour aller à Dresde. On parle français jusqu’à Francfort. Je t’en resupplie, quitte Dresde et viens là.

Tu sais tout ce que je puis penser de toi, te dire, ma Lidda, pour un premier jour de l’an ! Mais mon premier jour de l’an, c’est le mois de février ! Hélas ! chère adorée, je n’ai pas le mérite de t’obéir, car tu le vois, les choses sont plus fortes que ma volonté. J’ai, le 1er janvier, toute la deuxième partie des Paysans à écrire, et, si tu as lu la première, tu dois voir quelles sont mes obligations. On a crié au Molière et au Montesquieu ! On m’a salué Roi ! Il faut continuer à mettre des diamants à ta couronne !


(Jeudi,) 2 janvier.

C’est tout au plus, ma chère Line aimée, si je pourrai supporter la fatigue de la deuxième partie des Paysans. Je suis entré dans une période d’horribles souffrances nerveuses à l’estomac, causées par l’abus du café ; voici près de six mois que j’en prends, et il est à peu près fini, comme influence.

Il me faut absolument le repos. Ces douleurs affreuses, sans exemple, m’ont pris depuis trois jours. J’ai cru, la première fois, à quelque accident. Mais c’est fini ; je les reconnais. Ainsi, je partirai dans les derniers jours de janvier. Quitte Dresde et rapproche-toi du Rhin.

Je ne demande qu’une chose : c’est de bien finir la deuxième partie des Paysans. J’aimerais mieux la Suisse que Francfort. On peut avoir de si jolies habitations et si près (les unes des autres), et il y a si peu de cancans, grâce à la grande quantité de touristes ! Le Val Travers serait bien notre affaire. Oh ! je suis bien énormément fatigué. Je calculais ce matin que j’ai fait, depuis deux ans, quatre volumes de la Com (édie) Hum (aine). Dans vingt et quelques jours d’ici, je ne serai plus bon qu’à mettre en malle-poste.

Je joins à cette lettre la première qu’ait écrite le duc Pasquier.

David a terminé mon buste ; c’est, à ce qu’il parait, une