Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/830

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’éprouve même une certaine inquiétude en voyant que mon louloup ne me parle pas de mes dernières lettres, dont la dernière contient un article (du Diable à Paris) intitulé : les Boulevards (de Paris). Je ne sais même pas si tu as reçu tout ce qui a paru des Paysans, qui a été envoyé en deux fois.

Enfin, je mets la main à la plume, sur l’invitation contenue dans ta lettre écrite le 8 et qui m’est arrivée hier, où tu mu dis que tu ne partiras pas (de Dresde) avant le 1er mars environ. Ces préambules sont nécessaires pour expliquer la position. Si tu m’avais écrit deux fois par semaine, nous n’aurions pas eu de ces lacunes. Mais je te vois si malheureuse que je n’ose pas ni gronder, ni récriminer, ni rien dire. Il y a seulement une observation que je veux faire, rien que par éclaircissement. Je suis sûr que tu envoies tes lettres à la poste par quelqu’un d’infidèle, car les deux dernières n’étaient pas franches de port, et tu as sans doute donné ce qu’il fallait pour (les) affranchir. Donc, ou affranchis toi-même, ou n’affranchis pas du tout. Nous recommençons, comme à Pétersbourg, à payer chacun de notre côté. Ceci est pour l’ordre. En voyage, on a besoin de son argent, et c’est bien assez d’être volé par les aubergistes, sans s’y prêter ainsi. Donc n’affranchis plus par l’intermédiaire d’un valet, ou affranchis toi-même. Depuis douze ans, c’est moi-même qui mets tes lettres à la poste.

Pauvre louloup, combien de choses à te dire !... Et, avant tout, parlons raison. Sans ta défense, il y a un mois que je serais à Stadt-Rom [1] en face de l’hôtel de Saxe, et, si tu la lèves, réponds courrier par courrier, et j’arrive.

Quant au voyage à P(aris) il ne peut avoir lieu que de la manière suivante. Tu viens à F(rancfort) ; tu t’y établis. Je ne viens qu’à Mayence. Tu te proposes de faire un voyage sur les bords du Rhin. Tu commences par Mayence. J’ai un p(asse) p(ort) pour ma sœur et ma nièce ; tu prends la malle-poste, et tu passes du 15 mars au 15 mai à P(aris) ; sans rien dire à qui que ce soit au monde. Tu reviens à Mayence ; tu regagnes ton chez toi à Francfort), et j’y arrive quelques jours après. Comme tu n’auras vu personne dans les premiers jours de ton arrivée à F(rancfort), on n’aura fait aucune attention à toi, et l’on ne s’occupera de vous deux qu’à ta deuxième

  1. A Dresde.