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de Paris, et il faut que je voie deux fois plus d’épreuves qu’auparavant. Il en résulte une somme importante pour moi. Les Paysans, s’il y a succès, peuvent donner trente mille francs en librairie, et donnent dix mille francs au journal. C’est quarante mille francs. Quinze mille de la Comédie Humaine (et quarante font) cinquante-cinq mille. Trente mille des Jardies ajoutés à cela dans le mois de mars, font quatre-vingt-cinq mille francs ; dix mille francs de mes travaux, font quatre-vingt-quinze mille francs. Vingt mille francs du louloup joints à tout cela, font cent quinze mille francs. Otez-en soixante-cinq mille francs pour le demi-hectare dans Monceau, reste cinquante mille francs. Or, ces cinquante mille francs payent toute ma portion de dettes ennuyeuses. Une fois ces payements faits, je ne dois plus qu’à trois personnes : M. Gavault, Mme Del(annoy) et M. Dablin. Et encore les Petits Bourgeois et le Théâtre comme il est les solderont.

Je ne construirai à Monceaux qu’après avoir payé ces trois derniers créanciers, et après avoir gagné les cinquante mille francs nécessaires à la construction. Or, comme il faut deux ans pour bâtir, sécher et meubler une maison, si l’on fait le gros œuvre en 1846, elle ne sera habitable qu’en 1847-1848. J’ai donc à me loger, dans un appartement convenable, pendant trois ans, et je ne puis cependant quitter P (assy) que mes dettes criardes payées. Donc, il faut finir les Paysans, puis la Com (édie) Hum (aine) et les Petits Bourgeois et le Théâtre comme il est. Or, chère minette, vous m’avez fait perdre tout le mois de janvier et les quinze premiers jours de février à me dire : « Je pars demain, dans huit jours ! » à attendre des lettres et à me tordre dans des rages que moi seul connais. Ceci a fait un dégât effroyable dans mes affaires, car au lieu d’avoir ma liberté le 15 février, aujourd’hui j’ai pour un mois de travaux herculéens, et à inscrire dans ma cervelle ceci, qui sera démenti par mon cœur : « Ne pense ni à Louloup, ni à Dresde, ni à voyager ! Travaille, misérable ! » Or, Louloup, ce que j’appelle travailler, c’est quelque chose qu’il faut voir et qu’aucune prose ne peut dépeindre, car depuis un mois, ce que j’ai fait aurait mis sur les dents un homme bien organisé.

J’ai corrigé les treizième et quatorzième volumes de la Com (édie) Hum (aine), qui contiennent la Peau de chagrin, la Recherche de l’Absolu, Melmoth réconcilié, le Chef-d’œuvre