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nombreux et relativement sains. Ils ne demandaient qu’à intervenir. Ils avaient encore des officiers à leur tête et surtout beaucoup de ces vieux sous-officiers de carrière, ce cadre incomparable de l’armée prussienne qui convient si bien à la mentalité de ce peuple. À condition de ne pas les laisser énerver par la propagande, on était sur de la fidélité de ces troupes. Mais il ne fallait pas tarder, car les émissaires spartacistes pullulaient dans les cantonnements.

Noske obtint l’autorisation d’agir et la situation changea du jour au lendemain. Le 9, la lutte battit son plein et devint plus meurtrière. Le 10, le quartier des Ministères était dégagé, du Reichstag à l’Université. Des mesures sévères avaient été décidées et appliquées. Le parti de l’ordre l’emportait partout. Le lendemain, eurent lieu de violents retours offensifs des insurgés. Le Gouvernement, déjà lassé de son énergie, faiblissait, hésitait à maintenir ses ordres de la veille, retenait les troupes. Celles-ci menacèrent de se replier en province et d’abandonner Berlin et le Gouvernement. Il n’en fallut pas moins pour remonter le Directoire.

Le 12, les troupes, ayant repris leur liberté d’agir, donnèrent à plein. Les rues étaient parcourues par de nombreuses batteries. Les locaux du journal le Vorwaerts, citadelle des spartacistes, furent attaqués avec des mortiers de tranchée et emportés d’assaut. Le 13, les autres centres de résistance furent canonnés par les obusiers et cédèrent. Le 14, les sièges étaient terminés, la lutte se localisait vers la place Belle-Alliance, sur la Dohnhopfplatz, dans la Leipzigerstrasse, où les insurgés occupaient les toits avec des mitrailleuses, ainsi que dans certains îlots, même sous les Tilleuls, où parfois d’une maison partait une fusillade. Mais c’était l’agonie de la résistance et cette journée en marqua réellement la fin. Eichhorn était en fuite. La répression avait été très énergique ; de nombreux émeutiers avaient été passés par les armes après capture. La troupe avait peu souffert. Le chiffre des pertes ne fut jamais publié.


L’ALLEMAGNE RELÈVE LA TÈTE

La révolte était vaincue. Du jour au lendemain, comme sous le coup d’une baguette magique, Berlin se transforma. La discipline et la bonne tenue des troupes venues des armées,