s’étonnèrent de la trouver déserte, mais, surtout, furent saisis d’admiration à la vue d’une terre luxuriante de fougères arborescentes et de palmeraies gigantesques, où roucoulaient des millions de tourterelles. L’ile fut alors dénommée « Mauritius, » en l’honneur du stathouder de Hollande, Maurice de Nassau. Les Hollandais abandonnèrent Maurice en 1712 et, dès lors, son histoire se confond intimement avec celle de Bourbon.
L’abandon définitif de l’île par la Hollande étant connu des Bourbonnais, le gouverneur de Bourbon envoya G. Dufresne, capitaine du Chasseur, prendre possession de Maurice le 20 septembre 1715. L’île fut, dès lors, baptisée « Île de France. » Six ans après, Garnier de Fougeray, commandant du Triton, entra de nouveau, en grande pompe, dans le port qui fut bientôt appelé Port-Louis ; il ajoutait, cette fois officiellement, l’Île de France « aux domaines de Sa Majesté Louis XV. »
À la fin de 1722, de Nyon, nommé gouverneur, arriva, à son tour, avec un groupe d’ingénieurs, de soldats et de marins, organisa dans l’île un premier Conseil national et entreprit la culture du café et des graines potagères. Un règlement, en date de 1727, prescrivit au dit gouverneur de séjourner, alternativement, chaque année, six mois à l’île Bourbon et six mois à l’Île de France. En 1735, Mahé de La Bourdonnais, déjà célèbre par ses conquêtes aux Indes, fut nommé gouverneur des deux colonies, qui avaient périclité et se trouvaient en assez médiocre posture. Il y importa le manioc et la canne à sucre, forma une escadre de neuf vaisseaux, qu’il approvisionna à Madagascar et entreprit, bientôt, la prise de Madras. Capturé par les Anglais, La Bourdonnais fut reconnu, par le prince de Galles lui-même, « comme ayant fait la guerre en ennemi humain et généreux ; il fallait, ajoutait-il, estimer grandement un homme qui servait si bien son Roi. »
Nous ne rappellerons pas ici les persécutions que ce grand homme eut à subir ensuite de la part de son illustre rival Dupleix ; son emprisonnement, qui dura plusieurs années, et sa mort, qui survint à la peine (1751). Nous dirons seulement que La Bourdonnais fut, incontestablement, le père de notre colonie, le véritable fondateur de sa prospérité : pendant les onze années de son gouvernement, il fit de Maurice l’un des pays les plus riches du monde. Il avait fixé sa résidence à Port,