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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/447

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bonnes traditions françaises. Le fait est que le Mauricien français ne s’est jamais abandonné et s’est constamment ressaisi à travers les circonstances politiques et administratives les plus critiques. C’est de l’île Maurice d’abord et de Bourbon ensuite, que partirent les premières propositions d’abolition de la traite des nègres, à une époque où la plupart des gouvernements ne craignaient pas de repousser ce principe élémentaire de justice humaine.


Nos brillants collègues Hervé de Rauville, Paul Carié, et Dabbadie, ainsi qu’Édouard Laurent, et Abel Lourneau avant et pendant la guerre, avaient posé, chacun dans la mesure de ses forces et de son influence, les prémisses de la rétrocession de Maurice à la France. Au moment de l’armistice, un banquet fut donné à l’hôtel-de-ville de Port-Louis, en l’honneur de la France, sous la présidence du docteur Maurice Curé. À l’issue de ce banquet, le docteur Edgard Laurent fit voter, à l’unanimité, les termes d’un câblogramme envoyé à Paris pour témoigner de l’admiration, de la reconnaissance et de l’affection des Mauriciens pour les hautes autorités, civiles et militaires, de la France.

Des manifestations empreintes du plus ardent patriotisme se produisirent alors en diverses circonstances, chez le consul de France en particulier, au point qu’il fut décidé par le gouvernement que le 14 juillet deviendrait la fête nationale à l’Île Maurice.

Le 5 mars de cette année, un grand meeting ouvert, autorisé par l’administration, nomma des délégués auprès de la Conférence de la Paix. Ce meeting pro-français fut présidé par notre grand Anatole de Boucherville. Tous les membres présents communièrent dans le même amour de l’ancienne mère-patrie.

Comme suite à la mission confiée aux délégués, une requête fut présentée, du même geste, sur le terrain de la Conférence de la Paix, au premier ministre de la Grande-Bretagne et au premier ministre de la République française, pour réclamer la rétrocession de l’île Maurice à la France, sa patrie d’origine. La requête exposait courtoisement que l’Île de France, comme la Réunion, se rattache à Madagascar par ses