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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/98

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C’est dans ce sens que j’interprète, quant à moi, un fait considérable et exceptionnel s’il en fût : à savoir la nomination du maréchal Foch en qualité de maréchal des armées britanniques. Ce titre n’est pas un vain mot : le haut commandement de la triplice militaire est ainsi organisé en vue de n’importe quelles éventualités.

Si le traité n’est pas ratifié, si l’alliance à trois est retardée, si la Société des Nations ne fonctionne pas, du moins il reste ceci : une force existe qui peut se préparer et agir d’une minute à l’autre. Le maréchal Foch commande et son autorité est reconnue.

Il ne me semble pas que les choses aient été considérées par le public sous cet aspect et c’est pourtant le seul qui importe. Rien au monde ne peut valoir contre un fait. Le fond des sentiments de l’Angleterre s’éclaire par cette décision et une forte lumière est ainsi projetée sur l’avenir de l’Europe. Tant que le maréchal Foch commandera, il y aura un pouvoir exécutif des volontés de l’alliance. Il est en ce moment, comme disent les Anglais, l’homme du fait : et il serait substitué en un clin d’œil aux hommes des paroles, aux hommes des protocoles, aux hommes des promesses ou de la chimère. Tant que ce commandement unique existera, il y aura une alliance et il y aura une Europe.

La France a, ainsi, le grand honneur qui lui est revenu de droit par le cours normal des choses de disposer du pouvoir du « dernier mot. » Elle doit avoir, par conséquent, le sentiment profond qui découle naturellement de cette situation éminente, celui de sa responsabilité. Puisque la seule autorité militaire subsistante après la guerre appartient à un Français, la France ne doit s’en montrer que plus prudente, plus modérée, plus mesurée dans ses moindres gestes et mouvements. Elle a charge d’âmes, non pas seulement pour elle, mais pour les autres.


Et c’est parce que ce sentiment existe dans la nouvelle Chambre que le monde est disposé à lui faire confiance, et au Gouvernement qui la représentera.

Les élections qui l’ont désignée ont répondu à l’attente universelle : ce qui importe, maintenant, c’est que la Chambre elle-même ne manque pas à cette large et unanime confiance