Tu es lasse… Le jour chancelle autour de toi ;
Le soleil pend, comme un fruit rouge, au coin du toit ;
Il s’écrase ; le ciel est une vaste plaie…
Tu restes, taciturne, accoudée à la baie ;
Tu attends que le crépuscule en sa pâleur
Dissolve le reflet de la dernière fleur ;
Tu as mis tes mains transparentes sur tes tempes,
Et tu as refusé qu’on allumât les lampes…
Tu soupires… De quoi te plains-tu, en laissant
Les dentelles peser sur ton cœur frémissant ? …
Le beau jour t’apporta ses dons comme un esclave :
Son soleil, ses parfums, son loisir chaste et grave,
Une pensée ardente au détour d’un roman,
Un scherzo de Chopin joué fiévreusement,
Des cris d’oiseaux, des cris d’enfants sur l’esplanade,
Dans la forêt une flexible promenade…