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M. ANDRÉ HALLAYS

Chaque semaine M. André Hallays consacre à Mme de Sévigné, à son esprit, à son cœur, à sa façon d’aimer ses enfants et ses amis, des conférences dignes, c’est tout dire, d’un sujet délicieux. Nul autre aujourd’hui n’était mieux désigné pour évoquer ces délicates et pénétrantes visions de notre meilleur passé. Tout le monde, j’entends le, monde lettré, connaît l’œuvre abondante, variée, spirituelle et purement française, de l’écrivain. Tout le monde, excepté peut-être lui-même. Aux plus nombreux de ses livres il a donné pour titre : « En flânant. » C’est une erreur. Pour être de ceux-là « dont le travail est joie, » il n’en est pas moins, autant qu’un flâneur, sinon davantage, un laborieux.

Au seuil de l’un de ses derniers volumes, en 1914, M. Hallays s’excusait de publier des notes vieilles de vingt-neuf années. Voilà donc aujourd’hui quelque trente-cinq ans que ce flâneur flâne. On connaît le nombre et la variété de ses flâneries ; on devine quelles études, quelles recherches de tout genre en durent être la condition et l’accompagnement ; on sait quelles découvertes parfois, et quelles révélations, quels aspects nouveaux, ou renouvelés, des hommes et des choses, eu ont été le fruit savoureux, mûri longuement. Sous la forme, toujours aisée et légère, de ces articles, apparaît à chaque instant le fond solide et sûr d’un savoir qui n’ignore, ou ne feint d’ignorer que soi-même. Mais, de cette modestie, de cet air nonchalant et détaché nous ne sommes pas dupes. Les écrits de ce prétendu fantaisiste trahissent la volupté, l’amour de l’ordre et de la règle. Et dans la personne même de l’écrivain, dans les traits, dans les plans de ce visage énergique, à peu près, à très peu près rasé, dans ce front largement découvert, on croirait