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peler une fois de plus au gouvernement la nécessité d’assurer par l’exécution complète du traité de paix lu défense des droits et des intérêts de la France. Le gouvernement certes en est bien convaincu et M. Millerand n’a pas laissé passer une occasion d’affirmer sur ce sujet ses idées : mais la Commission a voulu par cette manifestation faire nettement connaître son opinion et donner au Président du Conseil, au moment où il repartait pour Londres, toute l’autorité dont il pouvait avoir besoin. Les difficultés présentes n’ont rien d’imprévu, étant données la longueur et l’allure des négociations de l’année 1919 ; elles ne sont pas de nature à soulever des problèmes nouveaux et insolubles ; elles ne trouvent le pays et le Parlement ni surpris ni troublés : mais elles les trouvent réfléchis et fermes dans leurs volontés nationales.

La Commission des réparations, dont l’organisation a été fixée par le traité de paix, est appelée à jouer dans la période qui s’ouvre un rôle capital. C’est elle qui doit surveiller l’accomplissement exact de toutes les clauses que l’Allemagne a acceptées. Les Puissances alliées et associées se sont montrées très mesurées dans l’appréciation des réparations exigées. Elles ont pris à leur charge les dépenses de guerre proprement dites, et elles ont seulement réclamé la réparation des dommages causés à la population civile et à ses biens par l’agression allemande sur terre, sur mer et dans les airs. Si l’Allemagne arrivait à ne pas tenir ses engagemen^.s, ce serait pour les Alliés, , et pour notre pays en particulier, une défaite économique et financière terrible : la victoire ne sera une réalité que le jour où l’Allemagne aura payé. C’est la Commission des réparations qui fixera le montant et les modalités des obligations matérielles de l’Allemagne ; c’est elle qui Contrôlera d’une manière permanente les finances allemandes et qui par là pourra contribuer efficacement au contrôle de la situation militaire germanique ; c’est elle enfin qui, en cas de manquement par l’Allemagne à l’exécution de l’une quelconque des obligations visées par le traité dans la partie consacrée aux réparations, propose les mesures opportunes à prendre en raison de cette inexécution. On a pu dire avec raison que la Commission des réparations est le véritable ministère des Affaires étrangères de l’Europe. Le choix du délégué de la France est d’autant plus important qu’il est de plein droit président de cette Commission, composée des représentants de l’Amérique, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, du Japon, de la Yougo-SIavie, et de notre pays, à raison d’un représentant par Puissance.

On ne saurait trop se féliciter de la nomination de M. Raymond