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aurait pas moins été sujet à modification, car le refus de M. Wilson de reconnaître les traités secrets conclus entre les Alliés pendant la guerre, et l’élimination de la Russie, dont le lot est tombé en déshérence, ont fait remettre en question les accords anglo-franco-russes et remanier profondément les parts qu’ils attribuaient à la France et à l’Angleterre, à la France surtout. L’accord de Saint-Jean de Maurienne ne pouvait pas ne pas subir le même sort. La part immense qu’il faisait à l’Italie ne pouvait pas ne pas être réduite proportionnellement à celles de ses alliés et conformément aux nécessités géographiques des États anciens et nouveaux à délimiter en Asie Mineure. Quelle que soit la zone finalement reconnue à leur influence dans cette région, les Italiens n’ont donc aucun motif d’incriminer, à ce sujet, la loyauté de leurs alliés, et, parce que Smyrne ne parait pas destinée à leur revenir, d’alléguer que l’accord de Saint-Jean de Maurienne a été traité en « chiffon de papier. » Si l’un des Alliés a eu lieu de craindre d’être frustré eh Orient, ce n’est pas l’Italie, c’est la France.


XII. — LA LIGNE DE COMMUNICATION AVEC L’ORIENT

Indépendamment de son concours militaire, l’Italie a rendu aux opérations en Orient un service à peu près ignoré du grand public : elle a mis à notre disposition son territoire et son réseau ferré pour nos communications avec Salonique.

Les communications entre la France et Salonique ont commencé par n’être assurées que par mer. Il en est résulté, en dehors du temps perdu, l’immobilisation d’un tonnage considérable, qui bientôt fit défaut à notre marine marchande pour l’approvisionnement de la France. En outre, la traversée de la Méditerranée entre Marseille, Toulon ou Bizerte et Salonique exposait les hommes aux risques de la guerre sous-marine. Ces inconvénients ont amené notre gouvernement à s’adresser, en décembre 1916, au gouvernement italien pour obtenir l’autorisation de faire passer par son territoire, sur son réseau ferré, nos convois de soldats à destination de Salonique et une partie de notre matériel. L’autorisation en a été accordée et telle a été l’origine de ce qu’on appelle la « ligne de communication » par l’Italie avec l’Orient.

Cette ligne, qui avait son point de départ à Marseille, entrait