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Il serait certes injuste de contester à l’armée navale italienne sa large part dans la dure et ingrate tâche qui a paralysé et, en fin de compte, notablement entamé la flotte austro-hongroise, protégé la côte ouverte de la péninsule sur la mer Adriatique, sauvegardé la liberté des communications maritimes le long de cette côte, et permis de communiquer constamment avec la partie méridionale de la rive opposée. Mais il ne serait pas moins inique de passer sous silence le concours qu’elle a reçu, dans cette tâche même, des marines alliées et notamment de la nôtre, et le bénéfice inappréciable qu’elle a relire de l’activité navale franco-anglaise dans le reste de la Méditerranée.

On se rappelle que, peu de jours avant l’armistice, à la suite des proclamations d’indépendance des diverses nationalités composant l’empire des Habsbourg, la flotte austro-hongroise a arboré le pavillon yougo-slave. Il a été quelquefois reproché à l’Italie de n’en avoir pas tenu compte. Ce reproche parait, à la réflexion, injustifié. C’est un principe de droit privé que les transferts de propriété accomplis par un débiteur en faillite, pour soustraire son bien aux reprises de ses créanciers, sont sans aucune valeur. Il ne peut pas en être différemment dans les rapports internationaux. Qu’aurions-nous dit nous-mêmes et qu’auraient dit les Anglais si, quelques jours avant le 11 novembre, tout ou partie de la flotte allemande avait arboré le pavillon polonais ? En fait, la flotte austro-hongroise, en dépit d’une mutinerie survenue plusieurs mois auparavant et rapidement domptée, avait obéi aux ordres de Vienne et de Buda-Pesth, aussi longtemps que des ordres avaient pu en venir. Au jour de la défaite de l’Autriche-Hongrie, elle ne pouvait être traitée par l’Italie et par les Alliés qu’en force navale ennemie, dont elle avait rempli la mission dans toute la mesure de ses moyens.


XVI. — LA GUERRE ÉCONOMIQUE

Il est impossible de passer complètement sous silence les services que la France et l’Italie se sont rendus l’une à l’autre sur le terrain économique.

Des missions militaires d’achat et de ravitaillement ont fonctionné à Rome et à Paris pendant toute la guerre, procurant