Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son ordonnance en est une preuve : elle consiste en l’indication d’un régime destiné à être suivi pendant longtemps et qui n’a rien de particulièrement sévère : « Le malade déjeunera sur les dix heures avec du chocolat ou du pain et de la confiture de groseilles. Au diner, il mangera du potage gras et quelquefois du potage maigre, un peu de viande bouillie, rôtie ou grillée, des légumes ou herbages, tels que des asperges, des épinards, etc. Pour le goûter, des confitures de pommes, de groseilles, d’abricots, de vignes, etc…. Au souper, il pourra manger un peu de viande rôtie ou grillée, mais surtout des légumes ; on pourra enfin lui donner un peu de salade avec de la laitue, la petite chicorée verte, le cerfeuil, le cresson de fontaine ou de jardin. Il boira un peu de vin à ses repas. Il faudra le faire coucher à neuf heures et le faire lever à six du matin. » Une seule injonction thérapeutique : Pelletan recommande les décoctions de houblon déjà ordonnées par Desault et dont l’enfant boira tous les matins trois tasses « dans lesquelles on ajoutera une cuillère de sirop antiscorbutique. » Quatre repas par jour, — de la viande, de la salade, du vin, des potages gras et quelquefois des potages maigres, ce qui établit nettement que ce régime réconfortant doit se prolonger durant un temps indéterminé. Ces prescriptions, écrites et signées par Pelletan immédiatement après l’examen de l’enfant, infirment manifestement son récit de 1817 où il assure avoir jugé du premier coup d’œil que le petit prisonnier, « dont le ventre était d’un très gros volume, » et qu’il reconnut « atteint d’une diarrhée chronique, » n’avait que peu de jours à vivre.

Le pauvre reclus sortit donc de sa prison et fut conduit « dans le salon du concierge : » Pelletan entend sans doute par-là, la chambre de Gomin, ce « petit salon du bas » dont a parlé Madame Royale et qui n’était autre que la pièce de la petite Tour qu’avait naguère habitée la Reine : cette chambre était en effet la seule qui prit « directement vue sur le jardin. » Pour s’y rendre, il fallait s’engager dans le long escalier de pierre, passer devant la porte du corps de garde installé au premier étage et toujours rempli de soldats, continuer à descendre presque jusqu’au niveau de la salle du Conseil, pour s’engager dans l’embranchement de l’escalier conduisant à l’entresol de la petite Tour. Parvenu là, on avait encore à