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Dumangin, médecin de l’hôpital de la Charité, le secondera désormais dans ses visites au Temple, et il promet de venir avec ce confrère dès le lendemain matin.

Ce lendemain-là était le 8 juin, — 20 prairial.

Les deux médecins arrivèrent à onze heures du matin : l’état du malade s’était aggravé ; ils ordonnèrent de continuer la décoction blanche en l’alternant avec du petit lait ; le malade prendra « un bouillon de quart d’heure en quart d’heure » et des lavements médicinaux, dont l’un immédiatement, le second dans la soirée, et un autre encore « le lendemain, en attendant l’arrivée des médecins. » Dumangin signa le premier, Pelletan après son confrère ; jugeant indispensable la présence d’une garde auprès du mourant livré aux soins inexpérimentés de deux commandants de la garde nationale, Pelletan écrivit une note qui devait être portée d’urgence au Comité de Sûreté générale : « Nous avons trouvé, déclarait-il, le fils de Capet ayant le pouls déprimé, le ventre tendu, douloureux et météorisé ; il y avait eu dans la nuit, et encore le matin, plusieurs évacuations vertes et bilieuses. Cet état nous ayant paru très grave, nous avons résolu de revoir l’enfant ce soir… Il est indispensable de mettre auprès de lui une femme garde-malade intelligente… » Une estafette partit aussitôt pour porter ce bulletin au Comité. À midi et demi, les médecins quittèrent le Temple ; le commissaire civil du jour venait d’arriver : c’était le citoyen Damont, de la section du faubourg du Nord. Introduit dans la Tour, il entre dans la chambre où le prisonnier est alité ; il le juge si malade qu’il demande à Gomin et à Lasne « s’il n’y a pas une garde et des officiers de santé. » Lasne et Gomin, manifestement peu désireux de divulguer ce qui se passe au Temple, répondent « qu’il est venu un médecin ces jours-ci, mais des femmes, non. » Ils hésitent encore, semble-t-il, à introduire dans la prison une étrangère dont ils redoutent quelque indiscrétion. Pourtant, Damont insistant, on décida Gomin à se transporter jusqu’aux Tuileries pour aviser de la situation le Comité de Sûreté générale ; Gomin se mit en route un peu après que le cavalier expédié au Comité fut revenu, rapportant l’autorisation « de placer auprès du fils de Capet une femme intelligente et honnête que les médecins désigneraient ; » il fallait donc attendre leur visite promise. Lasne et Damont demeurèrent auprès de l’enfant, s’ingéniant à suivre