Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AUTOUR
DE LA
CORRESPONDANCE DE BOSSUET [1]

V
ENTRE METZ ET PARIS
BOSSUET ET PAUL FERRY


I. — LA QUESTION PROTESTANTE. — LES PROJETS DU GOUVERNEMENT. LA « RÉUNION »

Au sujet des Protestants, dès 1661, le but de Louis XIV est aussi incontestable qu’au sujet du Jansénisme : faire disparaître l’un comme l’autre. Si le Jansénisme n’est pas le catholicisme du Roi, le Protestantisme n’est pas le christianisme du Roi. S’il n’est plus un danger, il est un manquement irrégulier, impatientant, à cette Unité, dont la réalisation, effet de réaction contre les troubles passés, était alors l’erreur intellectuelle ou sentimentale de la France autant que le calcul intéressé et ambitieux de son gouvernement. De cette extinction, alors aussi, Louis XIV voit et décide les moyens matériels : réprimer ou nettement ou sournoisement les progrès des groupements protestants là où ils sont autorisés, les empêcher franchement de s’implanter là où ils n’ont pas d’établissement légal ; ne pas leur donner ou laisser sur le territoire de la France un pouce de place de plus, dans l’existence civile et sociale une liberté

  1. Voyez la Revue des 15 juin, 1er août, 1er octobre et 15 décembre 1919.