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consister l’objection protestante dans une revendication de la liberté d’examen ?

C’est possible. Elle était, en effet, bien répandue, en ce temps-là, cette disposition. Il n’y avait pas si longtemps que Grotius avait conseillé aux Remontrants de Hollande d’établir des évêques qui fussent ordonnés par un archevêque catholique. Et quatre ou cinq ans plus tard, le protestant français d’Huisseau parlera avec la plus complète irrévérence de cette division de la Réforme, mère « d’un nombre incroyable de monstres qui lui ressemblent. » C’est alors aussi que Jurieu bataillait pour prouver que l’Eglise vraie avait toujours été visible, s’engageant dans des thèses dont il devait être conclu, selon Bayle, que l’ « Eglise romaine avait toujours appartenu à l’Eglise vraie. » De même Larroque exprimera bientôt publiquement toutes sortes d’aspirations vers l’unité, toutes sortes d’invectives contre les schismes ; il allait même réclamer pour les Synodes l’infaillibilité du Pape catholique sous le nom adouci « d’assistance particulière de l’esprit de Dieu. » Donc, cette question de l’autorité, il est possible que, d’un commun accord, Ferry et Bossuet l’aient écartée, ajournée, comme facile à résoudre, une fois éclaircis tous les dissentiments de croyance. Et Bossuet pouvait se borner, pour mémoire, si je puis dire, dans sa récapitulation de leurs conférences, à marquer précisément la mesure où « l’Eglise catholique honore l’Église romaine, mère et maîtresse, croyant que l’apôtre saint Pierre et ses successeurs ont reçu de Jésus-Christ l’autorité principale pour régir le peuple de Dieu, entretenir l’unité du corps et conserver la dignité sacrée de la foi, » sans s’ « obliger à reconnaître l’infaillibilité » de doctrine « ailleurs que dans tout le corps de l’Eglise catholique. »

Sur les autres questions que Bossuet et Ferry traitent comme plus urgentes, ce qu’ils étaient convenus de se demander, c’était, écrit Bossuet, si les dogmes, « pour lesquels les Protestants nous ont quittés, » paraissent à présent à Paul Ferry, « destructeurs des fondements de la foi. » Or, sur ce terrain, les conclusions où ils arrivaient étaient on ne peut plus encourageantes.

Sur le Purgatoire et la Prière pour les morts, « il n’approuva pas notre créance, mais lui ayant demandé s’il se serait séparé pour cela de la communion de saint Augustin, il me répondit