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Explication de différents points de controverse » qu’on fit distribuer aux Réformés de Metz. Il en resta dans ce grand esprit un souvenir réconfortant, ouvert, malgré sa déception, aux belles espérances. Sans doute, il continua de donner son concours docile[1], — et il le donna peut-être un peu trop, après l’expérience qu’il venait de prendre de la manière d’agir des hommes d’action et de gouvernement, — aux efforts précipités de catéchisation collective des « nouveaux convertis » que le gouvernement encouragea et que les Dévots multiplièrent en ces années. Mais il garda, avec soin, ses relations directes, personnelles et confiantes avec les Protestants. Il accepta, on le sait, d’en instruire un grand nombre, encore qu’il se fit une idée redoutable des responsabilités que ces conversions lui paraissaient imposerai ! « convertisseur, » obligé, — pensait-il, — de ne pas « abandonner le converti, de se charger fidèlement de son âme et de sa conduite. » On sait que, postérieurement à cette date de 1666, il contribua à ramener au catholicisme, non seulement des gens du monde (Lorges, Turenne, le capitaine Forant, le duc de Richemond, Mlle de Duras), mais plusieurs penseurs protestants notables (M. et Mme Dacier, Brueys, Théophile Rossel, Desmahis, Vignes, Arbussy, Gilbert, Winslow, Saurin, Papin) : avec eux, par eux, il continua d’explorer l’âme protestante. Et plus tard, aux approches de la Révocation, alors qu’il vit que le gouvernement était irrévocablement décidé aux réunions en masse et par la violence, il continuera de participer aux tentatives de Réunion par les moyens spirituels. C’est ainsi qu’il entra en conversation, vers 1684, avec les ministres Du Bourdieu et Bordes. Avec les Anglicans aussi, il se montrera, à diverses époques, tout disposé à s’aboucher : ses relations avec le docteur Nelson, mieux connues, le montreraient, je crois. On se rappelle enfin qu’au lendemain même de l’Histoire des Variations, au temps même de son beau duel avec Jurieu, il n’hésitera pas à reprendre, pour le compte du catholicisme,

  1. Déjà fondateur et en quelque façon directeur des Nouvelles catholiques de Metz, il accepta en 1661 de faire un règlement pour une œuvre analogue, les Sœurs de l’Union chrétienne, fondées à Charonne par Anne de Croze et Marguerite de Martaigneville, sous l’inspiration de Jean-Antoine Le Vachet. Et en 1668 il patronna et soutint, à Metz, une maison de la Propagation de la Foi pour les Nouveaux Catholiques hommes, ouverte par le jésuite Polonceau, d’abord rue des Trois-Boulangers, puis dans l’ancienne léproserie de Longeau. Son père fui un des membres du Conseil de cette maison.