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ment lorsque la masse concentrée dépasse beaucoup celle du soleil. Ainsi s'explique qu'on ne trouve pas d'étoiles immensément plus massives que celui-ci.

Je rappelle d'ailleurs à titre documentaire que la masse du soleil est plus de 330 000 fois celle de la terre et représente un nombre de grammes exprimé par le chiffre 20 suivi de trente-deux zéros.

Revenons maintenant aux étoiles naines et à leurs sœurs les étoiles géantes qui, d'après ce que nous venons de voir, ne pourront guère dépasser plus les premières que, dans notre humanité et même dans l'ordre intellectuel, les géants ne peuvent dépasser les nains, c'est-à-dire médiocrement.

De ce que nous avons vu il résulte d'ailleurs qu'une étoile de masse donnée sera successivement une géante et une naine à divers stades de sa carrière.

M. Crommelin a abordé récemment la question de savoir quel est le nombre relatif des étoiles qui sont à ces stades distincts de leur carrière.

La question n'est pas aisée à résoudre, car en raison de leur plus grande luminosité les étoiles géantes sont visibles pour nous à une distance bien plus grande que les naines, en sorte qu'elles figurent dans nos catalogues, dans une proportion qui dépasse beaucoup leur fréquence réelle. Ainsi sir F. Dyson avait conclu de l'examen du catalogue de Carrington que 95 p. 100 des étoiles étaient plus brillantes que le soleil. Mais quand on considère les étoiles dont la parallaxe dépasse un cinquième de seconde, on en trouve quatre plus brillantes que le soleil et vingt-el-une moins brillantes. On en peut conclure qu'en réalité les étoiles naines prédominent numériquement mais qu'elles sont trop peu brillantes pour figurer généralement dans nos catalogues, à moins d'être nos très proches voisines.

La prépondérance des étoiles naines, comme l'a remarqué M. Crommelin, signifie probablement que les étoiles restent beaucoup plus longtemps à l'état de naines qu'à l'état de géantes, autrement dit que la phase qui suit leur apogée est plus longue que celle qui la précède, ou, si on préfère, que leur vieillesse dure plus longtemps que leur adolescence. En un mot, les étoiles sont des êtres précoces, et qui après un bref matin vivent, avant de s'éteindre, une très longue après-midi. Reprenant sous une autre forme le raisonnement de sir F. Dyson,

M. Crommelin a subdivisé en quatre groupes les vingt-cinq étoiles connues dont la parallaxe est plus grande qu'un cinquième de