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comment finit la guerre.

jusqu’à la dernière limite. Si cette armée obtient la victoire, on n’a pas de raison de tenter un effort désespéré. Si, au contraire, la guerre prend une tournure défavorable, ce peuple, sentant ses forces épuisées, n’apercevra aucun espoir dans la continuation de la guerre et, par suite, la tension qui rendait possible une levée en masse diminuera rapidement. »

Il examine les conditions dans lesquelles se développe une guerre d’invasion, où la puissance envahie voit son moral décroître à mesure que s’avance le vainqueur : « Déjà la guerre de 1870-71 se déroula comme nous l’indiquons ici. On peut s’attendre dans l’avenir à ce que les événements prennent un cours encore plus caractéristique. » — « Si l’on s’est terré au Transvaal et en Mandchourie, c’est parce que les Boers faisaient une guerre d’atermoiement ; de même les Russes et même les Japonais, étaient souvent réduits à manier la pelle par l’allure traînante de la lutte, obligés à la défensive par la difficulté des communications, qui retardait l’arrivée des renforts et du ravitaillement. Mais dans les luttes de l’avenir, la fortification de campagne restera d’un usage exceptionnel. »

Bernhardi exprime les idées qui avaient cours dans l’armée allemande, et non la doctrine du Grand État-Major, celle de Schlieffen, qui l’avait dirigé pendant dix-huit ans et qui avait été le vrai successeur de Moltke l’ancien ; Falkenhausen est beaucoup plus près de cette doctrine que Bernhardi. Aussi nous voyons au début des opérations les divisions de réserve formées en corps d’armée, qui figurent à côté des corps actifs. 38 corps d’armée, — au lieu de 41, — s’alignent de la Suisse à la mer du Nord. Le grand État-major a exigé le passage à travers la Belgique, au mépris du traité de 1831 que le Chancelier dut traiter de « chiffon de papier. » Mais la prévision de la guerre, « fraîche et joyeuse, » de l’offensive à outrance, dont la facilité croît avec les progrès de l’invasion, elle est commune à tous. L’aile gauche en Lorraine ne commencera son mouvement que quand l’aile droite sera en mesure de faire sentir sa pression, et par conséquent sur ce théâtre d’opérations une défensive provisoire est nécessaire.

Le plan de concentration est l’ensemble des dispositions qui, après la mobilisation, rassemblent les armées en vue des opérations actives. Il dépend donc de la situation politique, des forces en présence, de la rapidité de mobilisation et de trans-