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ont trouvé un puissant adjuvant dans l’intérêt national le plus haut, mais le plus pratique.

Cet intérêt, les Puissances de l’Entente étaient seules à pouvoir le satisfaire. Nos adversaires pouvaient bien offrir à l’Italie, en échange du maintien de sa neutralité, ce qu’on a appelé le « parecchio, » un lambeau du Trentin et de la Vénétie julienne, l’institution d’une université italienne à Trieste demeurant autrichienne. Dans l’infatuation « le leur force, dans la confiance injustifiée où les entretenaient la « carte de guerre » et leurs gages territoriaux, ils ne pouvaient aller plus loin dans les concessions.

Pour prix d’une intervention à leur profit, ils pouvaient bien encore faire miroiter aux yeux des Italiens quelques dépouilles de la France, quelques fragments de la peau d’un ours qui n’était pas par terre. Mais l’ouverture aléatoire de ces perspectives de pillage n’en eût pas moins laissé sous le joug les habitants des terres « irredente, » sacrifié à jamais les intérêts politiques et stratégiques auxquels l’Italie tenait le plus. C’était donc seulement de notre côté que celle-ci pouvait trouver la garantie de réaliser, en cas de victoire commune, ses aspirations traditionnelles.

Elle a amplement trouvé dans la Convention de Londres la garantie qu’elle a cherchée. Cet acte lui a assuré l’assentiment des contractants à l’annexion par elle du Trentin, du Tyrol cisalpin avec la frontière du Brenner, de Trieste, des comtés de Gorizia et de Gradisca, de toute l’Istrie jusqu’au Quarnero, de l’Archipel istrien, de la Dalmatje avec Zara et Sebenico jusqu’au cap Planka, de l’archipel dalmate, de Val loua en Albanie avec un territoire autour, de l’île de Sasseno en face de la côte albanaise, du Dodécanèse dans la mer Egée. Il lui a conféré le privilège de représenter l’Etat d’Albanie dans ses relations avec l’étranger. Il lui a ouvert le droit à l’attribution d’une part ou d’une zone d’influence on Asie Mineure, dans la région avoisinant la province d’Adalia, en cas de partage de la Turquie ou de la division de cet empire en zones d’intérêt ; le droit aussi à des compensations coloniales équitables, sous forme de rectification de frontières, en cas d’agrandissement des domaines coloniaux anglais et français en Afrique.

Tel a été, pour l’Italie, le bénéfice escompté de son entrée en guerre. Tel est celui qu’à quelques réductions près, elle