La musique ressemble aux chansons des Sirènes, dont Jules Lemaître assure, (En marge de l’Odyssée), qu’elles « n’exprimaient pas des connaissances de l’esprit, mais des sentiments. » L’esprit d’un Anatole France, celui d’un Voltaire, est de ceux dont les « connaissances » nous semblent être les moins faites pour que la musique les exprime. L’ironie philosophique est matière peu musicale, ou « musicale. » C’est pourquoi la traduction lyrique de la Rôtisserie de la reine Pédauque risquait d’en être, pour l’essentiel au moins, la trahison. Et cela n’a pas manqué. Le héros du livre tout le premier, Jérôme Coignard, n’a retenu de son personnage original que le nom, le costume et quelques traits superficiels. Rien, ou presque rien, n’en demeure de ses « opinions » et de ses propos. En somme, il est arrivé ceci : que le principal et le fond, venant à manquer à la musique, elle ne pouvait se prendre qu’aux accessoires, aux dehors. Nous avons plaisir à reconnaître qu’elle s’y est fort bien prise.
Elle a fait du premier acte, en grande partie, et de tout l’acte troisième, deux tableaux, vivants et chantants, extrêmement agréables. Le premier a pour cadre la rôtisserie, et comme centre, ou comme pivot, la broche. Autour d’elle se noue l’action et se réunissent ou se succèdent les gens. Petites gens, action menue et légère. La broche elle-même a son motif, très musical, voire