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futures avec l’Allemagne, nous n’avons jamais exclu la possibilité d’une collaboration économique. Mais une telle coopération dépend nécessairement de l’exécution par l’Allemagne des obligations que lui impose le traité. »

Le gouvernement devra donc veiller avec soin à ce que la Conférence financière internationale, que le Conseil suprême a chargé la Société des Nations de convoquer pour le mois de mai prochain, ne porte pas aux conditions de la paix de Versailles une atteinte indirecte. Voilà plusieurs mois déjà que la réunion de cette Conférence financière était réclamée dans les pays alliés, associés ou neutres, par des banquiers, des industriels et des économistes, qui s’inquiétaient de voir les États du monde divisés en deux catégories : d’une part, les neutres et les alliés d’outre-mer, qui conservent des monnaies saines ; d’autre part, les peuples qui, même victorieux, ont le plus souffert de la guerre et dont les monnaies sont dépréciées. Des financiers américains, anglais, hollandais, suédois, norvégiens, danois, ont pensé qu’il serait bon, pour remédier à la crise des changes, de mettre en contact ces deux groupes d’États ; et, au mois de janvier dernier, ils ont, à cet effet, soumis au gouvernement britannique un mémoire fortement motivé. Ils remarquaient avec raison que la guerre a imposé aux vainqueurs comme aux vaincus l’obligation de trouver sans retard les moyens d’arrêter l’augmentation continue des émissions de papier et des dettes publiques, ainsi que l’accroissement corrélatif des prix. Ils indiquaient, non moins justement, que toutes les Puissances réduites à cet état critique avaient l’impérieux devoir, de restreindre courageusement les consommations excessives, de développer la production par le travail et d’équilibrer par l’impôt leurs budgets ordinaires. Ils exprimaient la crainte qu’à défaut de ces mesures, l’Europe ne sombrât bientôt dans la banqueroute et l’anarchie et ils déclaraient nettement qu’aucun pays ne mérite de crédit, s’il ne veut ou ne peut pas ramener ses dépenses courantes au niveau de ses recettes normales. Ils concluaient qu’il n’y avait pas de temps à perdre pour éviter des catastrophes.

Lorsque la Grande-Bretagne, qui avait, d’abord, écarté tout projet de conférence financière internationale, vit la Livre sterling perdre une partie de sa valeur, elle écouta, d’une oreille plus favorable, les doléances des intérêts privés. Elle avait, d’ailleurs, conscience que, malgré cette dépréciation de la livre, ses finances publiques allaient être bientôt en voie d’assainissement et elle avait le très légitime