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celle-ci, militairement vaincue sur le front de France et acculée à un désastre auquel elle ne s’est soustraite que par la reddition en pleine campagne. Il a terminé et élargi, dans un résultat de grande portée politique et militaire, la fonction qui avait été, pendant trois ans et demi, celle du front italien.

Sans doute cette fonction aurait-elle été encore plus efficace, si l’armée italienne n’était pas restée inactive de juillet à fin octobre 1918. Cette longue période d’inactivité, coïncidant avec le développement ininterrompu des plus rudes opérations d’abord défensives, ensuite offensives, sur le front de France, avec le déclenchement, la poursuite et l’issue victorieuse de l’offensive de Salonique, constitue indéniablement une lacune, une baisse temporaire d’efficacité. Justifiée en son temps par des raisons que l’événement a démenties à peu de temps de là, — l’insuffisance de réserves, le besoin absolu d’un puissant renfort américain, — elle a réduit provisoirement à un rôle passif l’un des facteurs des opérations combinées. Pratiquement, elle n’a pas toutefois exercé d’influence sensible sur les opérations de France ; elle a seulement rendu plus ardue la lâche de l’armée d’Orient, l’Autriche ayant pu maintenir sur les Balkans des contingents que, attaquée plus tôt par l’Italie, elle aurait probablement dû en rappeler. Mais, tout compte fait, c’est encore aux Italiens eux-mêmes que l’inactivité de leur front pendant ces quatre mois a fait alors le plus de tort, par le contraste qu’elle a présenté avec l’activité simultanée des autres fronts, de la mer du Nord à la mer Morte. Leur amour-propre y a, sur le moment, été très sensible. La splendide revanche du général Diaz, son abondante récolte de lauriers leur ont fait oublier depuis lors l’impression pénible ressentie de leur retard au départ.


XXX.