conforme aux traditions de l’armée française et nous savions qu’on trouverait des officiers imbus de cette tradition ; mais en trouver près de 4 000 sans diminuer la valeur du corps d’officiers engagés dans la dure bataille sur la ligne française, voilà le tour de force.
Sans doute il est juste de signaler à partir de 1916 une action analogue des officiers britanniques, mais sans que celle-ci ait atteint une amplitude aussi considérable et, en réalité, ce prélèvement de près de 4 000 officiers choisis au profit de nos alliés reste une charge que nous avons été seuls à supporter dans des proportions pareilles, — charge bienfaisante, charge joyeusement acceptée, mais enfin lourde, très lourde charge et dont il est juste de reconnaître le mérite à ceux qui l’ont portée.
Ainsi donc sur cette immense ligne de bataille que les Empires Centraux ont allumée à toute la périphérie de leur bloc malfaisant, partout on rencontre nos officiers français.
Sur le théâtre d’opérations occidental ils forment l’armature de l’armée nationale, cette armée dont chaque bataille révèle un nouveau progrès, articulation plus souple, armement plus complet, instruction plus avancée ; dans les armées alliées engagées côte à côte ils sont les apôtres de la camaraderie de combat, ils facilitent l’unité d’efforts, en même temps qu’en arrière ils préparent l’entrée en ligne rapide et ordonnée des gros contingents dont l’appoint fera pencher la balance.
Sur les autres théâtres d’opérations on les trouve encore, tantôt comme à Salonique avec leurs propres troupes, tantôt au milieu des troupes d’autres nations, serbes, grecques, roumaines, russes, remplissant les emplois les plus divers, toujours utiles et partout affirmant par leur présence que la France s’engage à fond et jusqu’au bout.
Tout le monde a-t-il vu ces petits points bleus semés sur tout le pourtour de l’arène, attestant par leur action que la même juste cause ajoutait chaque jour de nouveaux uniformes aux capotes bleues du début et poursuivait impitoyablement l’investissement fatal ? Quelqu’un le voyait à coup sûr : c’était le fauve arrêté, devant ces barrières mobiles qu’il croyait renverser de son puissant effort et qu’il ne parvenait qu’à reculer. Aussi, après chaque demi-succès en Orient ou au Sud, en