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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/268

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revue des deux mondes.

précise de sir Douglas Haig, les membres du gouvernement français répondirent que « la bataille devait être continuée sans que les lignes générales du plan d’opérations arrêté en commun fussent modifiées. »

Le gouvernement anglais était de plus en plus inquiet de l’incertitude témoignée par le gouvernement français et provoqua deux conférences qui se tinrent à Paris. Dans la première se réunirent les généraux Pétain et Nivelle, le maréchal sir Douglas Haig et sir William Robertson, chef d’État-major de l’Empire britannique. L’examen de la situation générale leur fit admettre à l’unanimité la nécessité absolue de continuer les opérations d’offensive sur le front occidental. Une grande partie des réserves allemandes était épuisée, mais si on donnait à l’ennemi le temps de se ressaisir, il serait libre d’attaquer soit la Russie, soit l’Italie avec les plus grandes chances de succès et de pouvoir ainsi tenir jusqu’à ce que la guerre sous-marine eût atteint tous ses effets. Dans la situation nouvelle il ne s’agissait plus de rompre le front ennemi et d’atteindre du premier coup des objectifs éloignés, mais d’user et d’épuiser la résistance ennemie. Ce but atteint, « il faut en exploiter les conséquences jusqu’à la dernière limite possible. »

Les conférents étaient d’accord pour affirmer la nécessité de combattre avec toutes les forces disponibles, avec l’objectif de détruire les divisions ennemies. « Nous sommes unanimement d’opinion qu’il n’y a pas de demi-mesure entre cette méthode et une défensive qui, en ce moment, équivaudrait à reconnaître notre infériorité. Nous sommes unanimement d’avis que notre but ne saurait être atteint qu’en attaquant sans répit, avec un objectif limité. » Les généraux alliés devaient déterminer suivant quelles méthodes, sur quels points et à quelles dates seraient prononcées ces attaques.

Bien que ce protocole très ferme constitue un engagement formel d’attaquer sans répit pour arriver à l’épuisement de l’ennemi, il marque une régression sur la situation qui existait alors, l’unité de commandement. Mais il est à penser que, les résultats une fois atteints, la nécessité s’imposera de revenir à la seule organisation qui puisse permettre de les exploiter.

Dans l’après-midi du 4, les ministres des deux puissances se réunirent au quai d’Orsay avec les membres de la conférence militaire. M. Lloyd George exposa qu’il éprouvait le