Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux qui s’y rattachent, questions sociales, religieuses, politiques que chacune des étapes de son ascension lui faisait découvrir. Il était préparé à en franchir la dernière, à aborder le problème national que la guerre a posé devant lui.

La vertu française a trouvé en lui un témoin. Il n’était pas surpris par l’événement. Ayant été mêlé à la vie des paysans, il n’avait jamais perdu leur contact : il savait bien quels besoins d’endurance et de vaillance notre terre recelait. Il vit la plus splendide vertu en jaillir. Peut-être dépassa-t-elle son attente même. Il voulut qu’on le sût et le romancier de la famille devint ainsi le chantre de nos soldats. Il ne perdait d’ailleurs jamais de vue les conclusions qu’on devait tirer de cette lutte où, tant de fois, l’héroïsme parut ne point pouvoir prévaloir contre le nombre. Ce que les chefs appelaient « la crise des effectifs », le romancier l’appelait laconséquence d’une erreur séculaire sur la famille. En 1917, il alla, au cours d’une permission et quand l’horizon semblait sombre, rendre visite à une famille de chez lui, les Gannaz qui, riches de quinze enfants, avaient, les premiers, reçu le prix Étienne Lamy. Sorti un instant de la mêlée où l’Allemand menaçait de nous écraser de ses gros bataillons, il cherchait chez ces braves gens le réconfort d’une pensée heureuse. « Les enfants de France, c’est la végétation qui va recouvrir les abîmes des générations englouties par la guerre. » Aussi d’étape en étape, était-il arrivé à ce sommet d’où se découvrent les vastes horizons. Il était devant l’avenir du pays qui tient tout entier aujourd’hui dans celui de la race. L’ascension se terminait. Il « dominait. »

Ce robuste marcheur, devenu guide, est au sommet ; la plus belle récompense de cette perpétuelle ascension est qu’à ce sommet il a porté avec lui toute une partie de cette « jeunesse nouvelle » qui, pour avoir vu, grâce à lui, plus clair dans le devoir quotidien, n’en a que mieux servi, après le foyer et la famille, la race et le pays.

Fidus.