ans les derniers mois de 1917, le Conseil suprême de
guerre interallié, siégeant à Versailles, avait examiné les
propositions du général Foch, alors chef d’État-major
général de l’armée française. Le renforcement et la réorganisation
des armées de l’Entente avaient été admis et étaient en voie
d’exécution. L’armée italienne se reformait à 51 divisions, au
lieu de 65 qu’elle comptait avant le désastre de Caporetto. Les
six divisions de l’armée belge se dédoublaient pour en former
douze. Les armées anglo-françaises étudiaient leur renforcement
réciproque en cas de besoin par prélèvement sur leurs réserves disponibles.
Mais le général Foch n’avait pu faire admettre l’étude, ni à plus forte raison, la préparation d’un plan offensif pour 1918. Les deux commandants en chef, britannique et français, estimaient que l’état de leurs effectifs ne leur permettait pas d’entreprendre de grandes opérations offensives et ils se contentaient d’attendre l’attaque allemande.
Cet aveu d’infériorité était-il justifié ? Sans doute le haut commandement allemand avait pu concentrer sur le front de France 195 divisions contre 162 qui lui étaient opposées, mais il ne disposait pas des réserves nécessaires à leur entretien. Sa politique des effectifs avait été beaucoup trop hardie, et nous le