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que cette décision aurait produit sur nos alliés, je craignais que l’armée n’eût plus de mal à supporter les combats défensifs, qui permettaient mieux à l’ennemi de concentrer ses moyens puissants sur des champs de bataille choisis, que des batailles offensives. Elles exigeaient moins d’effort des soldats et ne causaient pas plus de pertes. D’autre part, la supériorité énorme de l’offensive au point de vue moral nous empêchait de renoncer volontairement à la poursuivre. Toutes les faiblesses de l’armée devaient ressortir dans la défensive d’une façon beaucoup plus grave. »

Il va attaquer en Champagne, de part et d’autre de Reims, qui tombera enfin. L’attaque principale sera exécutée par les Ire et XIIIe armées en direction de Châlons ; en même temps, la VIIe armée franchira la Marne et s’avancera vers Épernay où elle rejoindra l’attaque principale : « La réunion des deux groupes d’attaque à Épernay pouvait amener un grand résultat. » Ludendorff ne nous en dit pas plus long sur ses objectifs immédiats. Profitant des excellentes communications que lui a procurées son avance, il prépare, en même temps que son offensive de Champagne, une grande action dans les Flandres, qu’il compte lancer quinze jours plus tard, au commencement d’août, contre les lignes forcément dégarnies, espère-t-il. Pour réduire les transports, il fait remettre en service les 5e et 6e pièces supprimées dans les batteries et gardées au parc : en station, on peut les servir momentanément avec des équipes de fortune, et cet expédient est à retenir. En outre, le front de Russie lui a rendu de l’artillerie supplémentaire.

Il prépare cette offensive exactement comme celles du 21 mars et du 27 mai. L’organisation de l’artillerie est confiée au même artilleur, technicien remarquable. Les mêmes précautions sont prises pour le secret, les mêmes ordres donnés pour l’attaque, que le même succès devait évidemment couronner.

Mais la 4e armée Gouraud était alertée dès le 1er  juillet. Toutes les dispositions étaient prises sur ce front remarquablement organisé depuis plusieurs années et dont la défense s’était sans cesse perfectionnée. Le général Pétain, après entente avec le général Foch, avait personnellement veillé à l’application du dispositif en profondeur adopté en principe sur le front français. La grave décision avait été prise de sacrifier le massif de Moronvillers, dont les observatoires de grande valeur avaient été