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LA LANGUE FRANÇAISE
ET LA GUERRE

II. [1]
LE RÔLE INTERNATIONAL DU FRANÇAIS

Ce qu’il faut dire avec netteté, c’est que l’usage du français comme langue diplomatique n’est pas le résultat d’un abus, imposé par la violence, et qu’on a raison de faire disparaître quand la violence a cessé. Qui voudrait revenir sur le passé, et nous déposséder d’un droit qui nous a été conféré d’un consentement unanime, ne réparerait pas une injustice, puisqu’il n’y en a pas eu, et nous ferait tort. Ce qu’il faut dire encore, c’est que cet usage a été consacré par deux siècles de bons services, et qu’il s’agit désormais d’une pratique qui semblait hors de discussion, fixée pour toujours. Ce qu’il faut dire enfin, c’est que ce choix n’est pas désintéressé. Nos amis, nos alliés et nos ennemis mêmes, ont adopté et conservé le français parce qu’ils avaient avantage à l’employer. Point de bon traité sans une forme claire : voilà pourquoi la diplomatie moderne a parlé, chaque fois qu’elle a voulu établir une paix durable, « la langue de la lucidité[2]. »

  1. Voyez la Revue du 1er avril.
  2. Sur cet autre aspect de la question : J. Texte, L’Hégémonie littéraire de la France (Études de littérature européenne, Paris, 1898) ; F. Baldensperger, Comment le XVIIIe siècle expliquait l’universalité de la langue française (Études d’histoire littéraire, Paris, 1907 ; P. Hazard, Discours sur la langue française (Académie française, prix d’éloquence, 1912) ; F. Brunot, Histoire de la langue française, t. V : Le français en France et hors de France au XVIIe siècle, Paris, 1917. — Comptes rendus des Congrès internationaux pour l’extension et la culture de la langue française, Liège 1905, Arlon 1908, Gand 1913, 3 vol. Paris Genève, Bruxelles, 1906, 1908, 1914 ; A. Chuquet, La France et la langue française selon les Allemands d’aujourd’hui, Revue hebdomadaire, 18 mai 1918 ; 1. Dauzat, Le français et l’anglais, langues internationales, Paris (1915) ; Al. François, ouvrage cité.