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vie économique «des pays alliés et associés, la Commission recevrait de l’Allemagne, comme garantie et reconnaissance de la dette, un premier versement de bons au porteur en or. » J’ai dit, il y a quinze jours, que ce premier versement, divisé en trois fractions, s’élevait à cent milliards de marks, dont vingt milliards payables au plus tard le 1er mai 1921, sans intérêts, et quatre-vingts milliards portant intérêts. On s’est demandé si la Commission des réparations avait réclamé ces bons. Elle les a réclamés dès le mois de février et, par l’entremise de son représentant, M. Bergmann, l’Allemagne s’est engagée à les remettre. Mais par quelles autorités doivent-ils être émis? Quelle forme doivent-ils recevoir? En combien de coupures doivent-ils être partagés? Comment surtout en tirer parti et les rendre négociables? C’est ce que la Commission est encore occupée à étudier avec ses experts, jurisconsultes et financiers, en coopération, d’ailleurs, avec les Allemands. Elle remplit son mandat. Elle exécute le traité.

Sans doute, à côté du traité, il y a le protocole, qui a été signé le même jour, 28 juin 1919, et qui a incontestablement la même valeur diplomatique. Comme le disait très justement l’honorable M. Bertolini, délégué italien, en recevant, l’autre jour, le nouveau délégué français à la Commission, — cet homme de grand labeur et de haute conscience qu’est M. Louis Dubois, — le protocole et le traité ont institué « deux méthodes distinctes. » Le traité consacre toute sa partie VIII à l’évaluation des dommages; le protocole ouvre, pour un temps très court, la possibilité d’un autre système; il permet à l’Allemagne, pendant les quatre mois qui suivront la signature du traité, « de présenter à l’examen des Puissances alliées et associés des documents et des propositions à l’effet de hâter le travail relatif aux réparations, d’abréger ainsi l’enquête et d’accélérer les discussions. » J’ai montré, dans ma dernière chronique, qu’il s’agissait d’une faveur passagère et que, dans la lettre écrite le 16 juin par M. Clemenceau au comte de Brockdorff-Rantzau, il était nettement expliqué comment les choses se passeraient. Dans un délai de quatre mois, à dater de la signature, les Puissances alliées et associées accorderaient à l’Allemagne « toutes facilités nécessaires et raisonnables » pour lui permettre de se former une idée d’ensemble sur les dévastations et de présenter des propositions pour la réparation des dommages. Si l’Allemagne usait de ces facilités et faisait ces propositions, les Alliés auraient, pour examiner les offres, deux mois après la mise en vigueur du traité ; et si un accord n’intervenait pas dans ce délai, « l’arrangement prévu par le traité serait exécuté. » Le