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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 57.djvu/818

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SILHOUETTES CONTEMPORAINES


ANDRÉ CORTHIS






L’Académie française vient, en lui attribuant une de ses plus hautes récompenses, de donner saconsécration à un écrivain dont nos lecteurs connaissent et goûtent le beau talent. C’est sa dernière œuvre, parue ici même, Pour moi seule, qui a valu à André Corthis le prix du roman.

Œuvre d’analyse intime et de demi-teinte, très diférente des livres qui l’ont précédée, de ce Pauvre amour de doña Balbine, de ce Pardon prématuré, d’un si chaud coloris, avec leur bouillonnement intérieur et leur cadre de nature espagnole, différente aussi de ces Petites vies dans la tourmente, qui nous montrent, en un saisissant raccourci, le drame de certaines existences dont on eût pu croire que rien n’était jamais venu troubler la médiocrité paisible et unie. Il semble que l’écrivain se transforme peu à peu. Tourné d’abord vers la beauté extérieure et le pittoresque des choses, il s’inquiète maintenant davantage des formes invisibles de la vie et de tout ce qu’elles peuvent avoir de violent, de secret et de profond. Evolution sans doute, mais qui vient de loin, se prépare depuis longtemps, ets’explique pour qui connaît le milieu si particulier où s’est formé l’esprit de la romancière.

  1. Voyez la Revue du 15 janvier, 15 mars, 15 avril et 15 mai.