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LA BELGIQUE, L’ESCAUT ET LE RHIN


I

La Belgique n’a pas eu beaucoup à se louer des décisions de la Conférence de la paix. Sans doute elle va récupérer, — après plébiscite toutefois, — les petits territoires de Moresnet, Eupen, Malmédy, mais elle a échoué dans ses justes revendications à l’égard de la liberté de la navigation dans l’Escaut, de la restitution de la rive gauche de l’estuaire de ce fleuve et de celle de la poche surprenante que fait, au Nord et au Sud de Maëstricht, le long de la Meuse, le Limbourg dit « hollandais, » depuis 1839.

Justes revendications, certes ! Qui donc d’un peu averti ne sait pour quels motifs le nouveau royaume, que la vieille Europe et l’Angleterre, en particulier, jugeaient « indésirable, » subit en 1839 un traitement si rigoureux quand il s’agit de tracer ses frontières ? On ne peut donc s’étonner des espérances qu’avaient conçues les Belges, forts de ce qu’ils considéraient comme leur droit, forts, aussi, des services rendus à la grande cause des Alliés, lorsque s’était réunie la Conférence de la paix.

Ces espérances ont été déçues. La décision du 4 juin 1919 a laissé les choses en l’état, pour ce qui concerne le tracé des limites entre Belgique et Hollande. C’est à peine si, dans le projet de convention élaboré par les représentants des deux pays, — conformément à l’invitation de la Conférence, — quelques améliorations sont prévues, pour le régime des eaux où s’enchevêtrent, toujours au détriment de la Belgique, les deux souverainetés.

Il n’est d’ailleurs pas sans intérêt d’entrer dans quelques détails sur les péripéties de la négociation en cours, qui aboutirait au refus positif d’assurer la pleine sécurité de la Belgique et au refus mitigé de satisfaire à ses intérêts économiques, si le Parlement de Bruxelles consentait à ratifier le projet de traité.