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vingtaine de kilomètres d’Ekaterinburg ; là, ils furent fouillés, dépouillés de leurs vêtements et brûlés. De ces vêtements, ainsi que de tout ce que les prisonniers portaient sur eux, on fit trois bûchers séparés. Il fallut deux grands jours pour faire entièrement disparaître les restes et les traces des victimes sur les lieux mêmes ; finalement, ce qui en subsistait encore fut jeté dans le puits d’une mine.

Mais les Bolcheviks ne purent quand même pas tout détruire et bien des vestiges furent retrouvés : la mâchoire artificielle du docteur Botkine et un doigt de femme (qui a été identifié) ; également un grand nombre de fragments d’objets ayant appartenu aux différents membres de la famille impériale, même, quelques débris des bijoux du Tsar.

Outre les premiers déblayages sommaires, cinq jours furent encore employés à essayer de purifier la maison Epatieff à Ekaterinburg de toute trace du crime. Un détail bien significatif y a été constaté : toutes sortes d’objets d’usage personnel, ceux dont on ne se sépare pas, tels que brosses à dents, brosses à cheveux, chemises de nuit, etc. avaient été détruits, mais les restes en purent être identifiés et furent retrouvés dans les poêles de la « Maison à destination spéciale, » comme aussi beaucoup d’objets ayant été la propriété personnelle des impériales victimes, ont également été reconnus et identifiés, à Ekaterinburg même, sur la personne de parents des meurtriers (vêtements, linge, parfums, etc.).

Jourowskyh avait donné l’ordre que toutes choses restées dans les appartements après le massacre fussent apportées dans une chambre spéciale ; là, elles furent classées et emballées dans sept valises différentes ; le triage se fit sur une large ottomane, et quelques objets, ayant glissé entre l’ottomane et le mur, furent retrouves plus tard, entre autres une lettre de la grande-duchesse Olga Nikolaïevna : La partie de ce funèbre butin qui avait le plus de valeur fut déposée temporairement à la filiale de la Banque « Volga-Kama » à Ekaterinburg. Mais l’incinération des papiers et documents de la « Maison à destination spéciale » avait été faite si sommairement, que les feuilles inférieures des piles de papiers n’avaient pas été touchées par le feu et étaient restées intactes. Ces feuilles contenaient la liste des gardiens, tous connus à l’heure actuelle, à l’exception des Lettons ; ceux-ci avaient été amenés à Ekaterinburg uniquement en vue